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Cinq questions que l’on se pose sur les cryptomonnaies


Depuis le début de l’année 2020, le marché des cryptomonnaies se porte bien. Le Bitcoin a gagné près de 30,84 % entre le 1er janvier et le 29 mai 2020 et l'indice Bloomberg du marché des cryptomonnaies se monte à 395,43 dollars au 5 juin 2020. Ces actifs virtuels vont-ils devenir monnaie courante ? On est encore loin du compte, répondent nos deux experts, Colin Platt, consultant indépendant, et David Nicol, membre de R3 (lire l’encadré) et spécialiste de la blockchain.

À quoi servent aujourd'hui les cryptomonnaies ?

Aujourd'hui, les cryptomonnaies restent essentiellement des outils spéculatifs : il est d'ailleurs difficile d'utiliser à proprement parler le terme de « monnaies » car ces actifs sont très peu utilisés pour effectuer des transactions. Il voudrait mieux parler d'actifs d'investissement. Le paiement représente environ 1 % des usages du Bitcoin, pas davantage. Celui-ci est plutôt regardé comme une alternative à l'or.

Quels sont les investisseurs ou épargnants qui misent sur le Bitcoin, l'Ethereum ou autres ?

Il y a deux types de clientèle. Tout d'abord, les particuliers qui vont sur des plateformes pour acheter des Bitcoins pour un faible montant – une cinquantaine d'euros par exemple, juste « pour voir ». On peut parler d'un effet de mode ou de curiosité. Même si proportionnellement leur nombre diminue, notamment en raison de la chute du Bitcoin et de sa forte volatilité, ils représentent encore environ les deux tiers de la clientèle.
Viennent ensuite des clients plus significatifs, ceux des banques privées par exemple, qui passent par des brokers ou des courtiers pour investir sur des montants plus élevés : leurs achats commencent à 100 000 dollars environ. Leur objectif est plus tourné vers la spéculation et la diversification de leurs actifs. Et le nombre de ces investisseurs commence à progresser.

D'où viennent ces clients plus investis ?

Pour les cryptomonnaies, l'Europe reste un tout petit marché, concentré sur l'Allemagne et la Suisse. Les gros clients sont plutôt en Asie de l'Est, en Chine, aux États-Unis. Cette répartition géographique s'explique aussi parce que les cryptomonnaies sont utilisées sur certains marchés pour échapper à la législation ou à la réglementation : par exemple au contrôle des capitaux en vigueur en Chine ou en Thaïlande, ou sur les marchés illégaux en Colombie ou au Brésil. Les plus gros volumes de transactions sont d'ailleurs enregistrés sur des centres financiers offshore tels que Malte, les Seychelles, Hong Kong ou les Bahamas.

Est-ce que les entreprises utilisent ces actifs virtuels ?

Non, les clients corporate restent encore rares. Ils n'ont recours aux cryptomonnaies que dans des situations très spécifiques, par exemple pour payer les rançons en cas de cyberattaque (ransomware). Sinon les professionnels ont d'ailleurs plutôt recours aux jetons (tokens) qu'aux cryptomonnaies.

À la suite de la crise du Covid-19, pensez-vous que l'usage des cryptomonnaies pourrait s'étendre aux paiements courants ?

Les cryptomonnaies pâtissent encore d'évoluer dans un univers vague, aux contours flous, mal régulé et difficile d'accès. On voit mal comment elles pourraient devenir des outils de paiement courant dans ces conditions, sauf dans le cas d'un pays où la monnaie légale serait confisquée. Les autres moyens de paiement sont moins chers et restent plus simples d'usage. Le grand public va sans doute utiliser les cryptomonnaies pour thésauriser, en alternative à l'or, ou encore pour se prémunir en cas de faillite bancaire.

Reste que beaucoup s'interrogent sur le fonctionnement des cryptomonnaies, et pas suffisamment encore sur la raison d'y avoir recours et l'opportunité de les utiliser comme des placements.

À propos de R3
Le consortium de Blockchain R3 est une initiative de place à laquelle Natixis est associée, créée pour le développement de la technologie blockchain dans le secteur bancaire. Cette initiative favorise l'émergence de standards communs et l'adoption de la technologie blockchain par la communauté bancaire internationale via la mise au point de protocoles communs, la construction de modèles d'architecture et l'établissement de schémas transactionnels spécifiques, couvrant les différentes activités du monde bancaire.

Source : Natixis


Jeudi 11 Juin 2020



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