Dans la lignée du dynamisme exponentiel de la Fintech, 2019 s’annonce comme une année véritablement charnière pour l’écosystème. Au programme : l’évolution du cadre réglementaire, la multiplication des applications concrètes de la Blockchain mais aussi la montée en puissance de la Regtech et de l’Assurtech.
La Fintech est-elle en perte de souffle ? Difficile à croire au vu de l’engouement des investisseurs pour les jeunes pousses de la finance. En France, ce ne sont pas moins de 500 startups qui structurent aujourd’hui le paysage dont près d’un tiers a été créé au cours des 24 derniers mois[1] ! Alors que le secteur de la finance souffre encore d’une image écornée, les Fintech joue un rôle décisif pour le retour de la confiance des Français vis-à-vis de ce secteur, mais aussi pour la construction d’une finance plus responsable et plus humaine. Dans la continuité de cette année, 2019 s’annonce comme un moment charnière pour les Fintech, que ce soit en termes de réglementation, d’implémentation de technologies ou encore de stratégie adoptée vis-à-vis des établissements traditionnels.
Une croissance du secteur accompagnée par l’évolution du cadre réglementaire
L’année 2018 a été rythmée par des évolutions réglementaires riches en débats, en frictions mais aussi en opportunités. A commencer par la mise en application de la 2e Directive sur les services de paiement, dite DSP2, qui annonce des changements d’envergure pour le secteur bancaire et bien entendu pour les Fintech. L’obtention de l’agrément DSP2 leur permettra en effet d’asseoir leur crédibilité et leur fiabilité en obtenant plus facilement la confiance de leurs utilisateurs. Par ailleurs, cette réglementation devrait permettre aux Fintech de développer des services complémentaires, notamment dans l’initiation de virements. Seule ombre au tableau : le texte définitif, adopté en juillet dernier au Sénat, a néanmoins écarté la possibilité d’étendre l’ouverture des données bancaires aux comptes d’épargne.
De son côté, l’entrée en vigueur du RGPD en mai dernier revêt également un impact majeur pour les jeunes pousses de la finance. Ces dernières devront ainsi démontrer l’intégrité et la validité du consentement des clients quant au partage et à l’exploitation marketing et commerciale des données personnelles. Le non-respect des principes du règlement, notamment en lien avec l’enregistrement des parcours clients et des processus d’inscription, sera lourdement sanctionnable, y compris pour une Fintech en cours de développement. Bref, les Fintech auront à cœur de respecter pleinement la confidentialité des données personnelles dans l’architecture de leur solution et de leurs services. Nul doute que cela ira dans le sens d’un gain de confiance des utilisateurs pour ces nouveaux services innovants.
Un écosystème de plus en plus structuré et mature
En parallèle de la collaboration et des rachats entrepris par les acteurs historiques, de plus en plus de Fintech cherchent à s’allier soit avec des partenaires dotés d’une force de frappe puissante, soit même entre elles. L’objectif : compléter leur offre et se rendre plus attrayantes auprès de leurs cibles, à l’instar de l’initiative collaborative « WealthCOckpit® » portée par un collectif de cinq Fintech (Deecision, Incube, Primeradiant, Monuma et Budget Insight). Leur ambition commune est ainsi de proposer des avantages partagés entre les acteurs de la banque privée, les Fintech du secteur mais aussi les investisseurs. Cette dynamique partenariale est le signe d’une vraie consolidation technologique mais également d’une plus grande maturité « business » avec des projets mieux financés.
Blockchain : des applications concrètes qui se multiplient
Evidemment, les mutations dans la Fintech passent également par les évolutions technologiques. L'univers des cryptomonnaies et de sa technologie sous-jacente, la Blockchain, suscite ainsi depuis plusieurs années un vif intérêt (50% des startups de la blockchain ont été créés ces deux dernières années). Ces innovations ont des effets sans précédent, combinant la puissance de calcul à la structure décentralisée de leur organisation. L’information est à la fois de qualité et moins coûteuse à traiter, rendant de fait moins pertinentes certaines activités d’intermédiation. D’après une étude du cabinet PwC[2], il est alors possible d'imaginer qu'à horizon 2030, 10% à 20% des infrastructures économiques mondiales s'appuieront sur des systèmes à base de Blockchain. Déjà, de multiples applications concrètes sont bien au-delà du stade de l'expérimentation dans la finance, impactant en profondeur les marchés de capitaux, le financement du commerce international ou encore les paiements interbancaires ou transfrontières. Créée par Richard Caetano, Stratumn illustre parfaitement ce dynamisme. Grâce à la combinaison entre un chiffrement de nouvelle génération, la technologie blockchain et une connectivité simplifiée via API, cette Fintech permet une traçabilité universelle des processus inter-entreprises. Elle garantit ainsi conformité, confidentialité, sécurité et traçabilité, tout en diminuant les coûts opérationnels et en améliorant le parcours client.
Les Regtech et les Assurtech en pleine croissance
Apparues en 2015, les Regtech, qui promettent aux institutions financières leur conformité face à la multiplication des réglementations, ont-elles aussi le vent en poupe. Dans un contexte où la hausse des exigences rend rapidement les logiciels obsolètes, ces jeunes pousses aident les acteurs historiques à construire des offres plus flexibles et à réduire leurs coûts en optimisant la gestion de leurs contraintes réglementaires. Elles ont recours aux récentes avancées technologiques dans le traitement des données (Intelligence Artificielle, Machine Learning, Big Data, Cloud, Blockchain) pour produire sans faille plusieurs centaines de documents et de calculs de risques dans des délais très courts. Les domaines d’application sont très larges : gestion et contrôle de l’identité en temps réel et en continu, surveillance des transactions, reporting réglementaire, suivi des transactions, gestion de la conformité, surveillance des marchés, etc. Avec l’apparition incessante de nouvelles réglementations, les Regtech ne risquent pas de voir stopper leur croissance.
2019 signera également l’explosion de l’Assurtech, néologisme né de la contraction d’assurance et de technologie. La transformation numérique du secteur de l’assurance est résolument en marche, grâce à un nouvel écosystème riche de startups. En pleine croissance, les Assurtech répondent à des sujets et des chaînes de valeur très variés : compagnies d’assurance (Alan, etc.), courtiers en assurance-vie (Nalo, Yomoni, etc.), autres courtiers (Fluo, +Simple.fr, etc.), services aux assurances et aux courtiers (Dreamquark, Shift Technology, Utocat, etc.), services aux individuels et aux entreprises (Testamento, Pack’n’drive, etc.) ou encore acteurs de l’assurance collaborative et achats groupés (Wecover, Otherwise, etc.). Depuis fin 2017, elles connaissent un essor important : alors que le cabinet de conseil Klein Blue avait identifié seulement 47 startups en juin 2017, plus de 106 acteurs du secteur ont été répertoriés et catégorisés dans son dernier panorama de l’Assurtech en France[3]. Avec l’évolution des comportements et des usages, les nouvelles technologies (intelligence artificielle, Blockchain, Big Data, machines quantiques, …) mais aussi avec les grands défis sociétaux (santé, retraite, vieillissement, …) et climatiques de notre temps, il n'y aura pas moins d'assurance mais toujours plus. Les assureurs n'auront pas à gérer une diminution de leur activité mais un renouvellement de leurs offres. L’Assurtech a là tout son rôle à jouer dans la réponse aux nouveaux besoins d’une population et d’une planète en pleine transformation.
[1] Etude « L’attractivité de la France pour le développement du secteur Fintech », Exton Consulting, 2018
[2] Etude « Blockchain is here. What's your next move? », PwC, septembre 2018
[3] « Panorama Insurtech France », Klein Blue, septembre 2018
A propos de Finance Innovation
Finance Innovation, créé par l’Etat et sous l’impulsion de la Place financière de Paris en 2007, est un Pôle de compétitivité mondial, d’intérêt général, tiers de confiance pour ses membres et son écosystème. Il est dédié à l’accompagnement et à la croissance des projets innovants pour la compétitivité de l’industrie financière française et la création d’emplois, en France et à l’international.
Fort d’un réseau de plus de 500 membres (Pouvoirs publics, Collectivités territoriales, Grandes entreprises, TPE/PME, Startups, Fintechs, Académiques, etc.), Finance Innovation fédère un écosystème large à travers 6 filières stratégiques : Banque, Assurance, Gestion d’Actifs, Métiers du Chiffre et du Conseil, Immobilier/Smart City, Finance durable et finance verte.
Finance Innovation labellise des projets innovants en vue de les accompagner dans la structuration de partenariats commerciaux et capitalistiques. Plus de 600 projets ont été labellisés à ce jour et ont bénéficié de financements publics et privés de plus de 300 millions d’euros au total.
La Fintech est-elle en perte de souffle ? Difficile à croire au vu de l’engouement des investisseurs pour les jeunes pousses de la finance. En France, ce ne sont pas moins de 500 startups qui structurent aujourd’hui le paysage dont près d’un tiers a été créé au cours des 24 derniers mois[1] ! Alors que le secteur de la finance souffre encore d’une image écornée, les Fintech joue un rôle décisif pour le retour de la confiance des Français vis-à-vis de ce secteur, mais aussi pour la construction d’une finance plus responsable et plus humaine. Dans la continuité de cette année, 2019 s’annonce comme un moment charnière pour les Fintech, que ce soit en termes de réglementation, d’implémentation de technologies ou encore de stratégie adoptée vis-à-vis des établissements traditionnels.
Une croissance du secteur accompagnée par l’évolution du cadre réglementaire
L’année 2018 a été rythmée par des évolutions réglementaires riches en débats, en frictions mais aussi en opportunités. A commencer par la mise en application de la 2e Directive sur les services de paiement, dite DSP2, qui annonce des changements d’envergure pour le secteur bancaire et bien entendu pour les Fintech. L’obtention de l’agrément DSP2 leur permettra en effet d’asseoir leur crédibilité et leur fiabilité en obtenant plus facilement la confiance de leurs utilisateurs. Par ailleurs, cette réglementation devrait permettre aux Fintech de développer des services complémentaires, notamment dans l’initiation de virements. Seule ombre au tableau : le texte définitif, adopté en juillet dernier au Sénat, a néanmoins écarté la possibilité d’étendre l’ouverture des données bancaires aux comptes d’épargne.
De son côté, l’entrée en vigueur du RGPD en mai dernier revêt également un impact majeur pour les jeunes pousses de la finance. Ces dernières devront ainsi démontrer l’intégrité et la validité du consentement des clients quant au partage et à l’exploitation marketing et commerciale des données personnelles. Le non-respect des principes du règlement, notamment en lien avec l’enregistrement des parcours clients et des processus d’inscription, sera lourdement sanctionnable, y compris pour une Fintech en cours de développement. Bref, les Fintech auront à cœur de respecter pleinement la confidentialité des données personnelles dans l’architecture de leur solution et de leurs services. Nul doute que cela ira dans le sens d’un gain de confiance des utilisateurs pour ces nouveaux services innovants.
Un écosystème de plus en plus structuré et mature
En parallèle de la collaboration et des rachats entrepris par les acteurs historiques, de plus en plus de Fintech cherchent à s’allier soit avec des partenaires dotés d’une force de frappe puissante, soit même entre elles. L’objectif : compléter leur offre et se rendre plus attrayantes auprès de leurs cibles, à l’instar de l’initiative collaborative « WealthCOckpit® » portée par un collectif de cinq Fintech (Deecision, Incube, Primeradiant, Monuma et Budget Insight). Leur ambition commune est ainsi de proposer des avantages partagés entre les acteurs de la banque privée, les Fintech du secteur mais aussi les investisseurs. Cette dynamique partenariale est le signe d’une vraie consolidation technologique mais également d’une plus grande maturité « business » avec des projets mieux financés.
Blockchain : des applications concrètes qui se multiplient
Evidemment, les mutations dans la Fintech passent également par les évolutions technologiques. L'univers des cryptomonnaies et de sa technologie sous-jacente, la Blockchain, suscite ainsi depuis plusieurs années un vif intérêt (50% des startups de la blockchain ont été créés ces deux dernières années). Ces innovations ont des effets sans précédent, combinant la puissance de calcul à la structure décentralisée de leur organisation. L’information est à la fois de qualité et moins coûteuse à traiter, rendant de fait moins pertinentes certaines activités d’intermédiation. D’après une étude du cabinet PwC[2], il est alors possible d'imaginer qu'à horizon 2030, 10% à 20% des infrastructures économiques mondiales s'appuieront sur des systèmes à base de Blockchain. Déjà, de multiples applications concrètes sont bien au-delà du stade de l'expérimentation dans la finance, impactant en profondeur les marchés de capitaux, le financement du commerce international ou encore les paiements interbancaires ou transfrontières. Créée par Richard Caetano, Stratumn illustre parfaitement ce dynamisme. Grâce à la combinaison entre un chiffrement de nouvelle génération, la technologie blockchain et une connectivité simplifiée via API, cette Fintech permet une traçabilité universelle des processus inter-entreprises. Elle garantit ainsi conformité, confidentialité, sécurité et traçabilité, tout en diminuant les coûts opérationnels et en améliorant le parcours client.
Les Regtech et les Assurtech en pleine croissance
Apparues en 2015, les Regtech, qui promettent aux institutions financières leur conformité face à la multiplication des réglementations, ont-elles aussi le vent en poupe. Dans un contexte où la hausse des exigences rend rapidement les logiciels obsolètes, ces jeunes pousses aident les acteurs historiques à construire des offres plus flexibles et à réduire leurs coûts en optimisant la gestion de leurs contraintes réglementaires. Elles ont recours aux récentes avancées technologiques dans le traitement des données (Intelligence Artificielle, Machine Learning, Big Data, Cloud, Blockchain) pour produire sans faille plusieurs centaines de documents et de calculs de risques dans des délais très courts. Les domaines d’application sont très larges : gestion et contrôle de l’identité en temps réel et en continu, surveillance des transactions, reporting réglementaire, suivi des transactions, gestion de la conformité, surveillance des marchés, etc. Avec l’apparition incessante de nouvelles réglementations, les Regtech ne risquent pas de voir stopper leur croissance.
2019 signera également l’explosion de l’Assurtech, néologisme né de la contraction d’assurance et de technologie. La transformation numérique du secteur de l’assurance est résolument en marche, grâce à un nouvel écosystème riche de startups. En pleine croissance, les Assurtech répondent à des sujets et des chaînes de valeur très variés : compagnies d’assurance (Alan, etc.), courtiers en assurance-vie (Nalo, Yomoni, etc.), autres courtiers (Fluo, +Simple.fr, etc.), services aux assurances et aux courtiers (Dreamquark, Shift Technology, Utocat, etc.), services aux individuels et aux entreprises (Testamento, Pack’n’drive, etc.) ou encore acteurs de l’assurance collaborative et achats groupés (Wecover, Otherwise, etc.). Depuis fin 2017, elles connaissent un essor important : alors que le cabinet de conseil Klein Blue avait identifié seulement 47 startups en juin 2017, plus de 106 acteurs du secteur ont été répertoriés et catégorisés dans son dernier panorama de l’Assurtech en France[3]. Avec l’évolution des comportements et des usages, les nouvelles technologies (intelligence artificielle, Blockchain, Big Data, machines quantiques, …) mais aussi avec les grands défis sociétaux (santé, retraite, vieillissement, …) et climatiques de notre temps, il n'y aura pas moins d'assurance mais toujours plus. Les assureurs n'auront pas à gérer une diminution de leur activité mais un renouvellement de leurs offres. L’Assurtech a là tout son rôle à jouer dans la réponse aux nouveaux besoins d’une population et d’une planète en pleine transformation.
[1] Etude « L’attractivité de la France pour le développement du secteur Fintech », Exton Consulting, 2018
[2] Etude « Blockchain is here. What's your next move? », PwC, septembre 2018
[3] « Panorama Insurtech France », Klein Blue, septembre 2018
A propos de Finance Innovation
Finance Innovation, créé par l’Etat et sous l’impulsion de la Place financière de Paris en 2007, est un Pôle de compétitivité mondial, d’intérêt général, tiers de confiance pour ses membres et son écosystème. Il est dédié à l’accompagnement et à la croissance des projets innovants pour la compétitivité de l’industrie financière française et la création d’emplois, en France et à l’international.
Fort d’un réseau de plus de 500 membres (Pouvoirs publics, Collectivités territoriales, Grandes entreprises, TPE/PME, Startups, Fintechs, Académiques, etc.), Finance Innovation fédère un écosystème large à travers 6 filières stratégiques : Banque, Assurance, Gestion d’Actifs, Métiers du Chiffre et du Conseil, Immobilier/Smart City, Finance durable et finance verte.
Finance Innovation labellise des projets innovants en vue de les accompagner dans la structuration de partenariats commerciaux et capitalistiques. Plus de 600 projets ont été labellisés à ce jour et ont bénéficié de financements publics et privés de plus de 300 millions d’euros au total.