A l’heure de la désintermédiation bancaire et du numérique, Jean-Hervé Lorenzi, Président du pôle Finance Innovation, avait lancé l’été dernier la création d’un groupe thématique de réflexion sur les nouveaux enjeux de l’analyse financière et de l’analyse crédit pour le financement des entreprises.
En effet, le financement de celles-ci, notamment les PME et ETI, principales sources d’emploi en Europe, connaît d’importantes mutations liées à la désintermédiation due aux évolutions réglementaires et technologiques majeures entrainant un appel accru aux marchés financiers. Les entreprises ont dorénavant de nouveaux modes d’accès (plateformes de mise en relation…) à des financements élargis et complémentaires au financement bancaire classique : EuroPP, placements privés, financements participatifs…
Ces évolutions ne peuvent s’opérer sans un recours accru à une analyse financière ayant vocation tant à valoriser les entreprises et leur potentiel (pour leur fonds propres) qu’à mesurer leur solvabilité (pour leur endettement), ainsi que leurs autres dimensions extra financières (environnement, social, gouvernance…).
En conséquence, se pose la question, longtemps éludée, du coût et du mode de financement de cette analyse qui, sauf facturation externe, est à ce jour comprise dans le coût total des opérations effectuées. Ces évolutions impliquent notamment, au-delà du CAC 40, pour les PME de croissance et des ETI, des méthodes d’analyse reconnues par les régulateurs prudentiels, mais aussi proportionnée à la taille des entreprises et des financements à leur fournir.
Pour celles-ci, terreau de la croissance et des emplois de demain, le modèle d’analyse financière classique est inadapté (trop cher, trop long, trop complexe). Il s’agit donc de réinventer des nouveaux outils, pour certains mutualisés en tout ou partie, (notamment dans le domaine des bases de données) et de nouvelles formes de communication et de dialogue entre le monde de la finance et celui des entreprises, qu’elle qu’en soit la taille.
Comment appréhender leur solidité financière et leur potentiel ? Comment inciter et organiser un meilleur dialogue ? Incontestablement, les professionnels de l’expertise-comptable devraient avoir un rôle majeur « d’intermédiaire de confiance » (qu’elles semblent, à leur plus haut niveau, prêtes à assumer) pour fournir les données financières des entreprises, tout en respectant leurs besoins de simplification et de confidentialité, notamment dans les domaines concurrentiels. Ceci implique également que la décision de transmission de ces données demeure strictement à la main des entreprises en fonction notamment de leur besoin de recourir à des financements externes.
Des pistes s’ouvrent aussi du côté du développement croissant des FinTechs. Une approche quantitative nouvelle du traitement des données, notamment via la modélisation -expertises françaises largement reconnues- peut heureusement compléter la capacité d’analyse fondamentale qualitative des professionnels de la place et leur interaction indispensable avec les chefs d’entreprises. Des nouvelles places de marchés confrontant émetteurs et emprunteurs ayant recours notamment aux technologies numériques devraient également concourir au renforcement et à l’élargissement des modalités de financement de ces PME et ETI. Ce sont ces pistes, notamment de nouveaux circuits d’information, que le groupe Analytika a eu l’ambition de cerner.
Les auditions de nombreuses parties prenantes (Analystes, Entreprises, Investisseurs, Régulateurs, Gérants d’actifs, Associations professionnelles, Comptables, Avocats, Fournisseurs de données, Organismes de marché, Fin Tech, Notateurs) ont été effectuées de façon approfondie auprès d’une centaine d’interlocuteurs.
Le Groupe de Réflexion Thématique Analytika propose ainsi 15 recommandations. Les plus importantes concernent l’information des entreprises, la maîtrise de cette information par les entreprises, et la circulation de cette information ; le but étant d’une part de simplifier le mode opératoire des entreprises, d’autre part de permettre, via cette information, l’émergence d’une analyse financière moins coûteuse.
• Un outil formaté et simplifié de représentation des entreprises qui souhaitent se financer, rassemblant les données quantitatives que les aspects qualitatifs, utile à la prise de décision des financeurs.
• Une organisation d’analyse financière à deux niveaux, d’une part très bon marché (quantitative), d’autre part plus qualitative (via un système permettant la rencontre entre l’offre (analystes) et la demande (investisseurs, entreprises)).
• Place d’Information, interface entre les entreprises et leurs financeurs (ainsi que les autres acteurs de l’écosystème : clients, fournisseurs) (dénommée « Fin’d’in »)
Nous sommes conscients que la mise en place de ces outils est un travail de fond structurel de long terme, compte tenu de son mode « incitatif » et non « obligatoire ». Cependant, nous sommes aussi persuadés que cette mise en place doit démarrer dès aujourd’hui.
Il est enfin impératif que l’ensemble des acteurs de la Place financière s’organisent et acceptent, collectivement, de contribuer au financement de l’analyse, notamment à l'égard des PME, qu’elles soient cotées ou non, souvent plus éloignées des décideurs centraux (et là le numérique aura son rôle à jouer !). Le rôle de la Place n’est pas d’imposer une analyse financière « d’en haut », mais d’organiser la circulation choisie de l’information, au bénéfice de l’entreprise à financer, y compris en veillant à la confidentialité nécessaire. Ceci pourrait se faire sous forme d’appel à projets auprès d’acteurs capables de fédérer et organiser cette « place d’information », avec une gouvernance acce ptée de tous. Bien réparti, le coût financier de cette décision apparaitra comme modeste dans le coût global du marché.
Les entreprises françaises ont de très nombreux atouts à faire encore mieux connaitre internationalement. Il est donc de la responsabilité de la Place de démontrer l’efficience et la transparence de son écosystème financier pour y attirer les investisseurs du monde entier.
Claire Chaves d’Oliveira, Partenaire Expert A2 Consulting, Rapporteur Analytika
Jean-Baptiste Bellon, Président de la SFAF
Joëlle Durieux, Directrice Générale de FINANCE INNOVATION
Alain Leclair, Président d’Honneur de l’AFG, Pilote Analytika
Téléchargez le rapport :
En effet, le financement de celles-ci, notamment les PME et ETI, principales sources d’emploi en Europe, connaît d’importantes mutations liées à la désintermédiation due aux évolutions réglementaires et technologiques majeures entrainant un appel accru aux marchés financiers. Les entreprises ont dorénavant de nouveaux modes d’accès (plateformes de mise en relation…) à des financements élargis et complémentaires au financement bancaire classique : EuroPP, placements privés, financements participatifs…
Ces évolutions ne peuvent s’opérer sans un recours accru à une analyse financière ayant vocation tant à valoriser les entreprises et leur potentiel (pour leur fonds propres) qu’à mesurer leur solvabilité (pour leur endettement), ainsi que leurs autres dimensions extra financières (environnement, social, gouvernance…).
En conséquence, se pose la question, longtemps éludée, du coût et du mode de financement de cette analyse qui, sauf facturation externe, est à ce jour comprise dans le coût total des opérations effectuées. Ces évolutions impliquent notamment, au-delà du CAC 40, pour les PME de croissance et des ETI, des méthodes d’analyse reconnues par les régulateurs prudentiels, mais aussi proportionnée à la taille des entreprises et des financements à leur fournir.
Pour celles-ci, terreau de la croissance et des emplois de demain, le modèle d’analyse financière classique est inadapté (trop cher, trop long, trop complexe). Il s’agit donc de réinventer des nouveaux outils, pour certains mutualisés en tout ou partie, (notamment dans le domaine des bases de données) et de nouvelles formes de communication et de dialogue entre le monde de la finance et celui des entreprises, qu’elle qu’en soit la taille.
Comment appréhender leur solidité financière et leur potentiel ? Comment inciter et organiser un meilleur dialogue ? Incontestablement, les professionnels de l’expertise-comptable devraient avoir un rôle majeur « d’intermédiaire de confiance » (qu’elles semblent, à leur plus haut niveau, prêtes à assumer) pour fournir les données financières des entreprises, tout en respectant leurs besoins de simplification et de confidentialité, notamment dans les domaines concurrentiels. Ceci implique également que la décision de transmission de ces données demeure strictement à la main des entreprises en fonction notamment de leur besoin de recourir à des financements externes.
Des pistes s’ouvrent aussi du côté du développement croissant des FinTechs. Une approche quantitative nouvelle du traitement des données, notamment via la modélisation -expertises françaises largement reconnues- peut heureusement compléter la capacité d’analyse fondamentale qualitative des professionnels de la place et leur interaction indispensable avec les chefs d’entreprises. Des nouvelles places de marchés confrontant émetteurs et emprunteurs ayant recours notamment aux technologies numériques devraient également concourir au renforcement et à l’élargissement des modalités de financement de ces PME et ETI. Ce sont ces pistes, notamment de nouveaux circuits d’information, que le groupe Analytika a eu l’ambition de cerner.
Les auditions de nombreuses parties prenantes (Analystes, Entreprises, Investisseurs, Régulateurs, Gérants d’actifs, Associations professionnelles, Comptables, Avocats, Fournisseurs de données, Organismes de marché, Fin Tech, Notateurs) ont été effectuées de façon approfondie auprès d’une centaine d’interlocuteurs.
Le Groupe de Réflexion Thématique Analytika propose ainsi 15 recommandations. Les plus importantes concernent l’information des entreprises, la maîtrise de cette information par les entreprises, et la circulation de cette information ; le but étant d’une part de simplifier le mode opératoire des entreprises, d’autre part de permettre, via cette information, l’émergence d’une analyse financière moins coûteuse.
• Un outil formaté et simplifié de représentation des entreprises qui souhaitent se financer, rassemblant les données quantitatives que les aspects qualitatifs, utile à la prise de décision des financeurs.
• Une organisation d’analyse financière à deux niveaux, d’une part très bon marché (quantitative), d’autre part plus qualitative (via un système permettant la rencontre entre l’offre (analystes) et la demande (investisseurs, entreprises)).
• Place d’Information, interface entre les entreprises et leurs financeurs (ainsi que les autres acteurs de l’écosystème : clients, fournisseurs) (dénommée « Fin’d’in »)
Nous sommes conscients que la mise en place de ces outils est un travail de fond structurel de long terme, compte tenu de son mode « incitatif » et non « obligatoire ». Cependant, nous sommes aussi persuadés que cette mise en place doit démarrer dès aujourd’hui.
Il est enfin impératif que l’ensemble des acteurs de la Place financière s’organisent et acceptent, collectivement, de contribuer au financement de l’analyse, notamment à l'égard des PME, qu’elles soient cotées ou non, souvent plus éloignées des décideurs centraux (et là le numérique aura son rôle à jouer !). Le rôle de la Place n’est pas d’imposer une analyse financière « d’en haut », mais d’organiser la circulation choisie de l’information, au bénéfice de l’entreprise à financer, y compris en veillant à la confidentialité nécessaire. Ceci pourrait se faire sous forme d’appel à projets auprès d’acteurs capables de fédérer et organiser cette « place d’information », avec une gouvernance acce ptée de tous. Bien réparti, le coût financier de cette décision apparaitra comme modeste dans le coût global du marché.
Les entreprises françaises ont de très nombreux atouts à faire encore mieux connaitre internationalement. Il est donc de la responsabilité de la Place de démontrer l’efficience et la transparence de son écosystème financier pour y attirer les investisseurs du monde entier.
Claire Chaves d’Oliveira, Partenaire Expert A2 Consulting, Rapporteur Analytika
Jean-Baptiste Bellon, Président de la SFAF
Joëlle Durieux, Directrice Générale de FINANCE INNOVATION
Alain Leclair, Président d’Honneur de l’AFG, Pilote Analytika
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