En partenariat avec le Pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, Exton Consulting, cabinet de conseil en stratégie et management spécialisé dans les services financiers, a dévoilé les enseignements complets d’une étude exclusive sur l’écosystème Fintech français. L’objectif : établir un état des lieux des FinTechs / InsurTechs en France et analyser l’attractivité de l’Hexagone pour le développement de la filière
Certains observateurs avaient annoncé un essoufflement du phénomène FinTech dans le monde fin 2016. Pourtant, les jeunes pousses de la finance n’en finissent pas d’attirer les investisseurs et l’année 2018 se profile déjà comme record.
L’Europe, en 3e position des montants investis derrière l’Amérique du Nord et l’Asie, est la région du globe qui a enregistré la plus forte croissance en 2017 (+121 %). Le continent bénéficie d’un cadre réglementaire propice à l’émergence des FinTechs (avec le passeport financier européen et l’entrée en vigueur de la DSP2 qui ouvre la voie à l’open-banking).
La France est également un terreau fertile à l’éclosion de projets technologiques et innovants dans la finance : le pays est mondialement reconnu pour l’excellence de sa filière scientifique, et est notamment à la pointe sur l’intelligence artificielle. Les Français, et en particulier les Millenials, démontrent un intérêt croissant pour ces nouveaux services leur proposant une l’expérience client enrichie, intuitive et simplifiée. Cette dynamique sociétale positive est renforcée par les différentes évolutions législatives qui visent à favoriser la mobilité et l’ouverture vers ces acteurs alternatifs. Les banques et assureurs historiques du secteur sont quant à eux de plus en plus enclins à travailler avec ces start-ups pour créer des avantages concurrentiels durables et accélérer leur transformation digitale.
Autant de facteurs qui offrent des opportunités de développement attractives pour les FinTechs dans l’Hexagone.
Dans ce contexte, Exton Consulting et le pôle Finance Innovation ont souhaité combiner leurs expertises pour :
• proposer un état des lieux complet de la FinTech française en mettant en exergue les dynamiques de créations, les différentes typologies de structures (par taille, phase de maturité, niveaux de revenus et rentabilité), l’impact sur l’emploi, le profil des dirigeants, le niveau d’internationalisation de ces start-ups…
• mieux comprendre qui sont les acteurs qui composent et animent cet écosystème, et mesurer l’attractivité de la France pour le développement de la filière au travers de leviers clés : les mécanismes de financement ; les programmes d’accélération ; les initiatives mises en place par les régulateurs et les pouvoirs publics afin de favoriser l’entreprenariat dans la finance, ainsi que le degré de collaboration avec les banquiers et assureurs historiques.
Cette étude est l’aboutissement d’une enquête menée au printemps 2018 auprès de plus d’une centaine de jeunes pousses ; de visites d’accélérateurs à la rencontre de chargés d’incubation et dirigeants de FinTechs pour comprendre comment ils évaluaient les dispositifs d’accompagnement ; et d’échanges avec des personnalités clés de l’entreprenariat et l’industrie financière.
Principaux enseignements
LA FRANCE EST DÉSORMAIS PLEINEMENT EMBARQUÉE DANS LA « DYNAMIQUE FINTECH »
Le rythme de création est particulièrement soutenu en France depuis ces dernières années
• La vague FinTech a débuté plus tardivement en France : c’est à partir de 2014 que le phénomène prend véritablement de l’ampleur.
• Aujourd’hui, près 500 structures composent le paysage Fintech / Insurtech français avec plus d’une cinquantaine de jeunes pousses enregistrées chaque année.
• Les solutions Fintech françaises couvrent tous les segments de l’industrie financière, certains étant cependant plus matures (paiement et financement alternatif notamment).
• 35 % s’appuient déjà sur l’intelligence artificielle (Machine Learning), voire plus de 50 % si l’on considère également sur le traitement algorithmique de données volumineuses (Big Data)
• Près d’un tiers ont été créées au cours des 24 derniers mois.
• A l’échelle européenne, les Fintechs françaises font figure de modèles de pérennité malgré des levées de fonds plus modestes : 36% des structures ont plus de 5 ans d’existence
La Fintech française constitue un secteur créateur d’emplois pour les PME/TPE Bien que plus de la moitié sont encore de très petites structures de moins de 10 salariés, les FinTechs emploient directement près de 10 000 personnes, sans compter les freelances, auxquels ont recours 2/3 des structures, et qui peuvent représenter jusqu’à 30 % des effectifs - voire plus de 50 % pour les FinTechs comptant moins de 5 salariés : des emplois indirects non négligeables !
• Ces embauches bénéficient encore majoritairement au bassin parisien où sont situées près de 80 % des FinTechs, même si d’autres villes sont particulièrement dynamiques avec des programmes d’accompagnement dédiés FinTech (B612 accélérateur à Lyon et Grenoble, Frenchassurtech à Niort, mais encore Nantes, Marseille, Bordeaux, Brest…).
• Ces start-ups attirent les jeunes générations qui constituent l’essentiel des ressources : l’âge moyen est de 31 ans.
• Les fondateurs sont en revanche plus expérimentés (> 40 ans en moyenne). Ils ne sont pas là par hasard : les trois quarts d’entre eux ont eu précédemment une expérience dans les services financiers (majoritairement en banque) et près de la moitié sont des « serials entrepreneurs ».
• Le secteur de la FinTech, comme l’industrie financière dans son ensemble, peine en revanche à se féminiser. Malgré de belles success stories portées par des auto-entrepreneuses de talents, la filière n’embauche qu’un quart de femmes, et dans 9 cas sur 10, les fondateurs sont des hommes.
LA FRANCE EST ENCORE EN PHASE DE RATTRAPAGE, CE QUI EXPLIQUE CERTAINES FRAGILITES, MAIS A DEJA FAIT EMERGER DES FINTECHS PROMETTEUSES DONT LA NOTORIETE DEPASSE LES FRONTIERES HEXAGONALES
Les montants investis restent certes en deçà de certaines places financières mais sont en constante progression
• En 2017, 290 millions d’euros ont été investis dans les FinTechs françaises soit +86 % par rapport à 2016.
• Le premier semestre 2018 a confirmé la tendance avec des montants levés nettement supérieurs à l’intégralité de l’année 2016.
• Le montant moyen des tickets (près de 5 millions en 2017), bien qu’en constante progression, a été 2 fois moins élevé que la moyenne européenne (surpondérée par le poids de Londres), de sorte que la France se situe en 4e position en Europe en termes de montants investis dans les FinTechs.
• Cette faiblesse relative des montants captés par les FinTechs françaises doit être relativisée au regard :
- De la maturité de l’écosystème FinTech français, qui a démarré plus tardivement, et est encore en phase de rattrapage : plus de 53% des FinTechs françaises n’ont ainsi réalisé qu’une levée de fonds
- La spécificité du système de financement français dans lequel les start-ups bénéficient à la création de nombreuses aides publiques, ce qui retarde le recours aux premières levées de fonds
• Par ailleurs, sur le premier semestre 2018, la moyenne a nettement progressé, se situant à 6,5 millions d’euros, avec une ouverture significative aux fonds de venture capital étrangers, signe de l’attractivité des FinTechs françaises.
Si certaines FinTechs affichent de belles croissances, ces structures demeurent encore fragiles
• Au global, on estime que les FinTechs françaises ont généré près de 800 millions d’euros de revenus en 2017, soit environ 1 % du montant généré par l’industrie financière.
• Plus de la moitié enregistre moins de 300 000 euros de revenus annuels, conséquence d’une typologie d’entreprises encore très jeunes : un quart sont encore en phase d’amorçage.
• Dépasser les frontières hexagonales est souvent une nécessité pour atteindre une masse critique et assurer la montée en charge des activités commerciales : les 8 % de FinTechs générant plus de 10 millions d’euros de revenus annuels opèrent ainsi toutes à l’international.
• 50 % privilégient le modèle B2B2C, plus rémunérateur, se positionnant de plus en plus comme des fournisseurs de technologies principalement au service des grands acteurs du secteur des services financiers, mais également pour d’autres secteurs (30 % des FinTechs opèrent en B2B2C).
• Moins de 20 % déclarent être rentables.
Il existe toutefois une vraie volonté des FinTechs françaises de passer à l’échelle supérieure
• Les principaux motifs des levées de fonds visent à accélérer le développement en renforçant les effectifs (pour 77 % des FinTechs) et s’internationaliser en ouvrant des antennes en dehors des frontières (49 %).
• Plus de 42 % des FinTechs françaises déclarent avoir déjà des contrats commerciaux hors de France : principalement en Europe (39 % des FinTechs opérant à l’international), mais également sur d’autres continents (11% en Amérique du Nord, 8 % en Asie).
• Parmi les FinTechs françaises opérant à l’international, 22 % ont ouvert une ou plusieurs structure(s) commerciale(s) à l’étranger.
• Si elle ne possède pas encore de Licornes en termes de valorisation, la France a su faire émerger une vingtaine de pépites en phase de scaling, ayant acquis une notoriété à l’international.
L’ÉCOSYSTÈME FINTECH FRANÇAIS S’EST CONSIDÉRABLEMENT STRUCTURÉ ET DENSIFIÉ CES DERNIÈRES ANNÉES. DE SOLIDES PILIERS FAVORISENT LE DÉVELOPPEMENT ET LA PROMOTION DE LA FILIERE
Les pouvoirs publics français ont pris de nombreuses initiatives en faveur de la tech et l’entreprenariat, et du développement des jeunes pousses de la finance
• Dans le cadre du Brexit, Paris entend renforcer sa place en Europe dans la finance (EBA, Elixium avec le collateral).
• Les pouvoirs publics sont à l’initiative du Swave, un accélérateur dédié aux FinTechs à Paris.
L’éclosion de structures et programmes dédiés à l’accompagnement des FinTechs et Insurtechs s’est considérablement accéléré ces trois dernières années
• Dans les 6 derniers mois, une dizaine de structures FinTechs ont été lancées dans plusieurs villes de France (Grenoble, Niort, Brest) : le tissu d’accompagnement des jeunes pousses de la finance maille désormais l’ensemble du territoire relayé par le réseau FinTech en charge de promouvoir les jeunes pousses locales.
• Plus de 60 % des FinTechs sont passées par ce type de programmes d’incubation / accélération.
• De multiples évènements et rendez-vous FinTechs cadencent l’année à un rythme quasi mensuel pour favoriser les interactions entre les différents acteurs de l’écosystème.
Les FinTechs françaises peuvent compter sur de nombreuses sources de financement tant publiques que privées pour soutenir leurs activités, dans les premières années de création notamment
• Contrairement à d’autres pays, les FinTechs françaises, comme d’autres start-ups, peuvent bénéficier de nombreux soutiens étatiques et publics dès l’amorçage (via la Banque Publique d’investissement - BPI, subventions, prêts, crédits d'impôt, etc.).
• 60 % d’entrepreneurs de FinTechs déplorent cependant un manque de visibilité parmi les nombreux dispositifs et ne pas comprendre les aides auxquelles ils peuvent prétendre.
• En relai de ces dispositifs publics, les FinTechs peuvent lever des fonds auprès des investisseurs privés qui sont de plus en plus nombreux à s’intéresser au potentiel de la filière.
• Aux côtés des Venture Capital généralistes, deux fonds indépendants spécifiquement centrés sur l’investissement dans les FinTechs se sont d’ailleurs lancés en France (BlackFin, New Alpha AM).
• Les acteurs historiques de l’industrie financière ont également créé leurs propres structures d’investissement dans les FinTechs / Insurtechs pour mieux appréhender ces nouveaux modèles et se constituer un vivier de partenaires stratégiques potentiels.
Les régulateurs français s’organisent également pour accompagner les FinTechs : il se montrent réceptifs à ces nouveaux business modèles et nouvelles technologies
• L’AMF et l’ACPR ont créé des pôles d’accueil et de conseil pour mieux accompagner et orienter les FinTechs ainsi que des Task Forces sur l’impact des nouvelles technologies dans la finance. La Banque de France a également lancé en son sein un Lab, et est la 1ère Banque Centrale à avoir ouvert un poste de Chief Digital Officer.
• Pour 38 % des Fintechs, les difficultés liées à l’obtention d’un agrément est un obstacle à la compétitivité de la France.
• L’approche choisie par le régulateur est encore prudente par rapport à certaines places plus flexibles qui ont mis en place des « bacs à sable réglementaires » plébiscités par 55 % des Fintechs, qui souhaiteraient voir ces dispositifs dérogatoires mis en place sur le territoire français.
Les acteurs historiques de la filière s’ouvrent de plus en plus aux FinTechs
• Banquiers et assureurs entendent désormais s’appuyer sur les Fintechs pour accélérer leur digitalisation : tous, à des degrés divers, ont pris le virage de l’open-innovation en mettant en place une panoplie de dispositifs pour mieux collaborer avec ces nouveaux acteurs.
• 75 % des Fintech saluent cette volonté d’ouverture à leur encontre.
• 79 % déplorent toutefois encore la lenteur, le manque de réactivité pour favoriser les échanges et 62 % les lourdeurs dans les processus de contractualisation.
• Si plus de 2/3 ont noué au moins un accord avec un acteur français du secteur, il s’agit dans 63 % des cas de POC (Proof of Concept) : les interactions peinent encore à se concrétiser en réels partenariats industriels.
Conclusion
Les marges de progression sont importantes, mais la dynamique est belle et bien lancée et tous les signaux semblent au vert pour porter plus haut encore la Fintech française.
« La France dispose de nombreux atouts afin de devenir un hub international de la FinTech : une forte culture de la finance, un capital risque désormais présent, une structure unique de dialogue et d’accompagnement pour les professionnels du secteur et des fortes compétences en matière de data science », constate Joëlle DURIEUX, Directrice générale de Finance Innovation.
« Les acteurs traditionnels ont compris que ces FinTechs, grâce à leur capacité à rapidement délivrer des solutions innovantes et facilement intégrables au travers d’APIs, étaient des partenaires crédibles et nécessaires à la modernisation de la filière. Le train de l’open-innovation dans l’industrie financière est résolument mis en marche » se félicite Sophie ZELLMEYER, Directrice Fintech et Innovation d’Exton Consulting.
« Cette collaboration entre Fintechs et acteurs traditionnels est indispensable pour construire les modèles bancaires et assurantiels de demain » ajoute Jean-Louis DELPERIE, Associé chez Exton Consulting.
« Tout l’enjeu est désormais de crédibiliser l’écosystème français en faisant émerger des Fintechs à forte croissance en France et à l’international à l’image des Square, iZettle, Stripe ou N26 ou des Fintechs rentable à forte valeur ajoutée en B2B » estime Frédéric PERRIN, Associé chez Exton Consulting.
« En dépit de l’ouverture indéniable des corporates français, la France exporte plus de transferts de technologies qu’elle n’en achète : cela signifie en clair qu’il est plus facile pour une start-up ou un laboratoire de vendre de la technologie à l’étranger qu’à un groupe français, car les achats sont souvent une forteresse », déplore Joëlle DURIEUX, Directrice générale de Finance Innovation.
Certains observateurs avaient annoncé un essoufflement du phénomène FinTech dans le monde fin 2016. Pourtant, les jeunes pousses de la finance n’en finissent pas d’attirer les investisseurs et l’année 2018 se profile déjà comme record.
L’Europe, en 3e position des montants investis derrière l’Amérique du Nord et l’Asie, est la région du globe qui a enregistré la plus forte croissance en 2017 (+121 %). Le continent bénéficie d’un cadre réglementaire propice à l’émergence des FinTechs (avec le passeport financier européen et l’entrée en vigueur de la DSP2 qui ouvre la voie à l’open-banking).
La France est également un terreau fertile à l’éclosion de projets technologiques et innovants dans la finance : le pays est mondialement reconnu pour l’excellence de sa filière scientifique, et est notamment à la pointe sur l’intelligence artificielle. Les Français, et en particulier les Millenials, démontrent un intérêt croissant pour ces nouveaux services leur proposant une l’expérience client enrichie, intuitive et simplifiée. Cette dynamique sociétale positive est renforcée par les différentes évolutions législatives qui visent à favoriser la mobilité et l’ouverture vers ces acteurs alternatifs. Les banques et assureurs historiques du secteur sont quant à eux de plus en plus enclins à travailler avec ces start-ups pour créer des avantages concurrentiels durables et accélérer leur transformation digitale.
Autant de facteurs qui offrent des opportunités de développement attractives pour les FinTechs dans l’Hexagone.
Dans ce contexte, Exton Consulting et le pôle Finance Innovation ont souhaité combiner leurs expertises pour :
• proposer un état des lieux complet de la FinTech française en mettant en exergue les dynamiques de créations, les différentes typologies de structures (par taille, phase de maturité, niveaux de revenus et rentabilité), l’impact sur l’emploi, le profil des dirigeants, le niveau d’internationalisation de ces start-ups…
• mieux comprendre qui sont les acteurs qui composent et animent cet écosystème, et mesurer l’attractivité de la France pour le développement de la filière au travers de leviers clés : les mécanismes de financement ; les programmes d’accélération ; les initiatives mises en place par les régulateurs et les pouvoirs publics afin de favoriser l’entreprenariat dans la finance, ainsi que le degré de collaboration avec les banquiers et assureurs historiques.
Cette étude est l’aboutissement d’une enquête menée au printemps 2018 auprès de plus d’une centaine de jeunes pousses ; de visites d’accélérateurs à la rencontre de chargés d’incubation et dirigeants de FinTechs pour comprendre comment ils évaluaient les dispositifs d’accompagnement ; et d’échanges avec des personnalités clés de l’entreprenariat et l’industrie financière.
Principaux enseignements
LA FRANCE EST DÉSORMAIS PLEINEMENT EMBARQUÉE DANS LA « DYNAMIQUE FINTECH »
Le rythme de création est particulièrement soutenu en France depuis ces dernières années
• La vague FinTech a débuté plus tardivement en France : c’est à partir de 2014 que le phénomène prend véritablement de l’ampleur.
• Aujourd’hui, près 500 structures composent le paysage Fintech / Insurtech français avec plus d’une cinquantaine de jeunes pousses enregistrées chaque année.
• Les solutions Fintech françaises couvrent tous les segments de l’industrie financière, certains étant cependant plus matures (paiement et financement alternatif notamment).
• 35 % s’appuient déjà sur l’intelligence artificielle (Machine Learning), voire plus de 50 % si l’on considère également sur le traitement algorithmique de données volumineuses (Big Data)
• Près d’un tiers ont été créées au cours des 24 derniers mois.
• A l’échelle européenne, les Fintechs françaises font figure de modèles de pérennité malgré des levées de fonds plus modestes : 36% des structures ont plus de 5 ans d’existence
La Fintech française constitue un secteur créateur d’emplois pour les PME/TPE Bien que plus de la moitié sont encore de très petites structures de moins de 10 salariés, les FinTechs emploient directement près de 10 000 personnes, sans compter les freelances, auxquels ont recours 2/3 des structures, et qui peuvent représenter jusqu’à 30 % des effectifs - voire plus de 50 % pour les FinTechs comptant moins de 5 salariés : des emplois indirects non négligeables !
• Ces embauches bénéficient encore majoritairement au bassin parisien où sont situées près de 80 % des FinTechs, même si d’autres villes sont particulièrement dynamiques avec des programmes d’accompagnement dédiés FinTech (B612 accélérateur à Lyon et Grenoble, Frenchassurtech à Niort, mais encore Nantes, Marseille, Bordeaux, Brest…).
• Ces start-ups attirent les jeunes générations qui constituent l’essentiel des ressources : l’âge moyen est de 31 ans.
• Les fondateurs sont en revanche plus expérimentés (> 40 ans en moyenne). Ils ne sont pas là par hasard : les trois quarts d’entre eux ont eu précédemment une expérience dans les services financiers (majoritairement en banque) et près de la moitié sont des « serials entrepreneurs ».
• Le secteur de la FinTech, comme l’industrie financière dans son ensemble, peine en revanche à se féminiser. Malgré de belles success stories portées par des auto-entrepreneuses de talents, la filière n’embauche qu’un quart de femmes, et dans 9 cas sur 10, les fondateurs sont des hommes.
LA FRANCE EST ENCORE EN PHASE DE RATTRAPAGE, CE QUI EXPLIQUE CERTAINES FRAGILITES, MAIS A DEJA FAIT EMERGER DES FINTECHS PROMETTEUSES DONT LA NOTORIETE DEPASSE LES FRONTIERES HEXAGONALES
Les montants investis restent certes en deçà de certaines places financières mais sont en constante progression
• En 2017, 290 millions d’euros ont été investis dans les FinTechs françaises soit +86 % par rapport à 2016.
• Le premier semestre 2018 a confirmé la tendance avec des montants levés nettement supérieurs à l’intégralité de l’année 2016.
• Le montant moyen des tickets (près de 5 millions en 2017), bien qu’en constante progression, a été 2 fois moins élevé que la moyenne européenne (surpondérée par le poids de Londres), de sorte que la France se situe en 4e position en Europe en termes de montants investis dans les FinTechs.
• Cette faiblesse relative des montants captés par les FinTechs françaises doit être relativisée au regard :
- De la maturité de l’écosystème FinTech français, qui a démarré plus tardivement, et est encore en phase de rattrapage : plus de 53% des FinTechs françaises n’ont ainsi réalisé qu’une levée de fonds
- La spécificité du système de financement français dans lequel les start-ups bénéficient à la création de nombreuses aides publiques, ce qui retarde le recours aux premières levées de fonds
• Par ailleurs, sur le premier semestre 2018, la moyenne a nettement progressé, se situant à 6,5 millions d’euros, avec une ouverture significative aux fonds de venture capital étrangers, signe de l’attractivité des FinTechs françaises.
Si certaines FinTechs affichent de belles croissances, ces structures demeurent encore fragiles
• Au global, on estime que les FinTechs françaises ont généré près de 800 millions d’euros de revenus en 2017, soit environ 1 % du montant généré par l’industrie financière.
• Plus de la moitié enregistre moins de 300 000 euros de revenus annuels, conséquence d’une typologie d’entreprises encore très jeunes : un quart sont encore en phase d’amorçage.
• Dépasser les frontières hexagonales est souvent une nécessité pour atteindre une masse critique et assurer la montée en charge des activités commerciales : les 8 % de FinTechs générant plus de 10 millions d’euros de revenus annuels opèrent ainsi toutes à l’international.
• 50 % privilégient le modèle B2B2C, plus rémunérateur, se positionnant de plus en plus comme des fournisseurs de technologies principalement au service des grands acteurs du secteur des services financiers, mais également pour d’autres secteurs (30 % des FinTechs opèrent en B2B2C).
• Moins de 20 % déclarent être rentables.
Il existe toutefois une vraie volonté des FinTechs françaises de passer à l’échelle supérieure
• Les principaux motifs des levées de fonds visent à accélérer le développement en renforçant les effectifs (pour 77 % des FinTechs) et s’internationaliser en ouvrant des antennes en dehors des frontières (49 %).
• Plus de 42 % des FinTechs françaises déclarent avoir déjà des contrats commerciaux hors de France : principalement en Europe (39 % des FinTechs opérant à l’international), mais également sur d’autres continents (11% en Amérique du Nord, 8 % en Asie).
• Parmi les FinTechs françaises opérant à l’international, 22 % ont ouvert une ou plusieurs structure(s) commerciale(s) à l’étranger.
• Si elle ne possède pas encore de Licornes en termes de valorisation, la France a su faire émerger une vingtaine de pépites en phase de scaling, ayant acquis une notoriété à l’international.
L’ÉCOSYSTÈME FINTECH FRANÇAIS S’EST CONSIDÉRABLEMENT STRUCTURÉ ET DENSIFIÉ CES DERNIÈRES ANNÉES. DE SOLIDES PILIERS FAVORISENT LE DÉVELOPPEMENT ET LA PROMOTION DE LA FILIERE
Les pouvoirs publics français ont pris de nombreuses initiatives en faveur de la tech et l’entreprenariat, et du développement des jeunes pousses de la finance
• Dans le cadre du Brexit, Paris entend renforcer sa place en Europe dans la finance (EBA, Elixium avec le collateral).
• Les pouvoirs publics sont à l’initiative du Swave, un accélérateur dédié aux FinTechs à Paris.
L’éclosion de structures et programmes dédiés à l’accompagnement des FinTechs et Insurtechs s’est considérablement accéléré ces trois dernières années
• Dans les 6 derniers mois, une dizaine de structures FinTechs ont été lancées dans plusieurs villes de France (Grenoble, Niort, Brest) : le tissu d’accompagnement des jeunes pousses de la finance maille désormais l’ensemble du territoire relayé par le réseau FinTech en charge de promouvoir les jeunes pousses locales.
• Plus de 60 % des FinTechs sont passées par ce type de programmes d’incubation / accélération.
• De multiples évènements et rendez-vous FinTechs cadencent l’année à un rythme quasi mensuel pour favoriser les interactions entre les différents acteurs de l’écosystème.
Les FinTechs françaises peuvent compter sur de nombreuses sources de financement tant publiques que privées pour soutenir leurs activités, dans les premières années de création notamment
• Contrairement à d’autres pays, les FinTechs françaises, comme d’autres start-ups, peuvent bénéficier de nombreux soutiens étatiques et publics dès l’amorçage (via la Banque Publique d’investissement - BPI, subventions, prêts, crédits d'impôt, etc.).
• 60 % d’entrepreneurs de FinTechs déplorent cependant un manque de visibilité parmi les nombreux dispositifs et ne pas comprendre les aides auxquelles ils peuvent prétendre.
• En relai de ces dispositifs publics, les FinTechs peuvent lever des fonds auprès des investisseurs privés qui sont de plus en plus nombreux à s’intéresser au potentiel de la filière.
• Aux côtés des Venture Capital généralistes, deux fonds indépendants spécifiquement centrés sur l’investissement dans les FinTechs se sont d’ailleurs lancés en France (BlackFin, New Alpha AM).
• Les acteurs historiques de l’industrie financière ont également créé leurs propres structures d’investissement dans les FinTechs / Insurtechs pour mieux appréhender ces nouveaux modèles et se constituer un vivier de partenaires stratégiques potentiels.
Les régulateurs français s’organisent également pour accompagner les FinTechs : il se montrent réceptifs à ces nouveaux business modèles et nouvelles technologies
• L’AMF et l’ACPR ont créé des pôles d’accueil et de conseil pour mieux accompagner et orienter les FinTechs ainsi que des Task Forces sur l’impact des nouvelles technologies dans la finance. La Banque de France a également lancé en son sein un Lab, et est la 1ère Banque Centrale à avoir ouvert un poste de Chief Digital Officer.
• Pour 38 % des Fintechs, les difficultés liées à l’obtention d’un agrément est un obstacle à la compétitivité de la France.
• L’approche choisie par le régulateur est encore prudente par rapport à certaines places plus flexibles qui ont mis en place des « bacs à sable réglementaires » plébiscités par 55 % des Fintechs, qui souhaiteraient voir ces dispositifs dérogatoires mis en place sur le territoire français.
Les acteurs historiques de la filière s’ouvrent de plus en plus aux FinTechs
• Banquiers et assureurs entendent désormais s’appuyer sur les Fintechs pour accélérer leur digitalisation : tous, à des degrés divers, ont pris le virage de l’open-innovation en mettant en place une panoplie de dispositifs pour mieux collaborer avec ces nouveaux acteurs.
• 75 % des Fintech saluent cette volonté d’ouverture à leur encontre.
• 79 % déplorent toutefois encore la lenteur, le manque de réactivité pour favoriser les échanges et 62 % les lourdeurs dans les processus de contractualisation.
• Si plus de 2/3 ont noué au moins un accord avec un acteur français du secteur, il s’agit dans 63 % des cas de POC (Proof of Concept) : les interactions peinent encore à se concrétiser en réels partenariats industriels.
Conclusion
Les marges de progression sont importantes, mais la dynamique est belle et bien lancée et tous les signaux semblent au vert pour porter plus haut encore la Fintech française.
« La France dispose de nombreux atouts afin de devenir un hub international de la FinTech : une forte culture de la finance, un capital risque désormais présent, une structure unique de dialogue et d’accompagnement pour les professionnels du secteur et des fortes compétences en matière de data science », constate Joëlle DURIEUX, Directrice générale de Finance Innovation.
« Les acteurs traditionnels ont compris que ces FinTechs, grâce à leur capacité à rapidement délivrer des solutions innovantes et facilement intégrables au travers d’APIs, étaient des partenaires crédibles et nécessaires à la modernisation de la filière. Le train de l’open-innovation dans l’industrie financière est résolument mis en marche » se félicite Sophie ZELLMEYER, Directrice Fintech et Innovation d’Exton Consulting.
« Cette collaboration entre Fintechs et acteurs traditionnels est indispensable pour construire les modèles bancaires et assurantiels de demain » ajoute Jean-Louis DELPERIE, Associé chez Exton Consulting.
« Tout l’enjeu est désormais de crédibiliser l’écosystème français en faisant émerger des Fintechs à forte croissance en France et à l’international à l’image des Square, iZettle, Stripe ou N26 ou des Fintechs rentable à forte valeur ajoutée en B2B » estime Frédéric PERRIN, Associé chez Exton Consulting.
« En dépit de l’ouverture indéniable des corporates français, la France exporte plus de transferts de technologies qu’elle n’en achète : cela signifie en clair qu’il est plus facile pour une start-up ou un laboratoire de vendre de la technologie à l’étranger qu’à un groupe français, car les achats sont souvent une forteresse », déplore Joëlle DURIEUX, Directrice générale de Finance Innovation.