Depuis le début de l’année, la Banque de France observe soigneusement l’évolution du surendettement, qui fait même l’objet d’une mission d’information de la part du gouvernement. Son principal constat est de prime abord surprenant : en effet, la crise du Covid n’aurait pas eu d’impact négatif sur les finances des ménages. Gardons-nous pourtant de crier victoire trop vite : la probable recrue du chômage pourrait bien faire mentir les chiffres. Dans ce contexte, banques et établissements de crédit font face à une très grande responsabilité : contribuer à faire repartir l’économie, mais sans alimenter le risque de faillite des entreprises et de surendettement des individus. Un arbitrage délicat, d’autant que dans le cas des particuliers, il est toujours impossible d’accéder, via un fichier positif, à l’ensemble des crédits contractés et en cours ! Dans ce domaine, la France fait toujours figure d’anomalie européenne. Pour autant, faut-il continuer à militer pour un tel fichier, alors que la 2nde Directive Européenne sur les Services de Paiement (DSP2) est en passe de bouleverser les règles du jeu ?
L’absence de fichier positif, symptôme d’un marché verrouillé
Les Français sont allergiques à tout ce qui se rapporte de près ou de loin à du traçage, dit-on pour expliquer l’absence de fichier positif en France. Notre « exception » est en vérité tout sauf culturelle : elle tient uniquement à la configuration du marché du crédit ! Celui-ci, en effet, est particulièrement verrouillé par de grands acteurs qui ont toujours fait obstacle à une évolution règlementaire qui pouvait encourager la concurrence. De fait, ces vingt dernières années, tous les acteurs qui ont essayé de pénétrer le marché du crédit aux particuliers en France l’ont fait en pure perte. C’est dire si les barrières à l’entrée sont élevées !
Le grand perdant de cette situation est bien évidemment le consommateur. Celui qui a des projets à financer, mais dont les demandes de prêt s’apparentent à un parcours du combattant. Celui qui obtient au bout de plusieurs semaines une réponse ne servant pas toujours ses intérêts. En effet, certaines personnes (en particulier les jeunes, les indépendants...) sont exclues du crédit, alors qu’elles sont tout à fait solvables. D’autres y accèdent, à des taux parfois très élevés, alors qu’elles ne sont pas en mesure de le rembourser de manière sereine. En un mot : la situation actuelle empêche la majorité des consommateurs de bénéficier d’offres responsables et bien calibrées en termes de prix.
La DSP2, arme fatale contre le surendettement
Si l’absence de fichier positif est en soi une aberration, nous estimons, paradoxalement, que le combat ne vaut plus la peine d’être mené. Cela ne signifie pas qu’il ne faut plus s’engager contre le surendettement, mais qu’il est temps de changer de braquet. Ainsi, il est inutile de persévérer dans une lutte perdue d’avance, quand l’entrée en vigueur de la DSP2 ouvre un champ des possibles considérable. Alors qu’avant, l’historique de transactions bancaires d’un individu était considéré comme la propriété de la banque teneuse de son compte, le consommateur peut aujourd’hui partager cet historique en toute liberté et automatiquement avec l’établissement auprès duquel il soumet une demande de prêt.
Les acteurs du crédit ont donc toute latitude pour proposer des parcours plus fluides et, surtout, analyser plus finement le risque. L’établissement a accès aux charges réelles du demandeur d’emprunt. Il peut donc reproduire les avantages du fichier positif en plus exhaustif, en vérifiant par exemple que les loyers du demandeur ont été déclarés à leur juste valeur. En allant encore plus loin, il peut même accompagner l’individu dans la gestion de ses dépenses courantes et lui faire des recommandations personnalisées. Ce « coaching financier », qui permet de faire des économies et d’assainir ses comptes, est un outil essentiel d’éducation financière – domaine où le retard français n’est plus à démontrer. Dans cette perspective, la DSP2 constitue l’arme fatale contre le surendettement.
Un rééquilibrage de marché en faveur du consommateur
Mais pour en tirer le plein potentiel, encore faut-il savoir exploiter la donnée et donc s’appuyer sur la technologie : deux piliers sur lesquels les acteurs traditionnels ne brillent pas par leur avance. De fait, cette directive européenne remet en jeu le leadership des acteurs historiques en donnant un espace d’expression aux acteurs data driven. L’absence de fichier positif, auparavant obstacle à la concurrence, est finalement l’opportunité de redéfinir les standards du marché à la faveur des évolutions technologiques et sociétales. Car fort heureusement, la concurrence stimule l’innovation et oblige chacun des acteurs à enfin privilégier les intérêts du consommateur.
C’est ni plus ni moins ce qu’une analyse performante de la donnée rend possible ! Grâce à la DSP2, des populations ordinairement exclues du crédit (jeunes, CDD, entrepreneurs) y ont enfin accès, car les méthodes de scoring actuelles permettent de mieux identifier les profils vulnérables. Et plus l’analyse des risques est fine, plus les prix sont en adéquation avec les profils des souscripteurs… et donc proches de ceux proposés par les banques.
In fine, le marché n’a plus besoin de fichier positif : l’innovation technologique a permis de compenser les obstacles règlementaires. La prochaine étape est de contraindre les banques à retirer tous les freins qui peuvent subsister, pour permettre aux consommateurs de partager de façon parfaitement fluide leur historique de compte bancaire. Une évolution en phase avec leurs attentes, car dans les pays où le parcours DSP2 est proposé, il est choisi par 60 à 90% des emprunteurs.
L’absence de fichier positif, symptôme d’un marché verrouillé
Les Français sont allergiques à tout ce qui se rapporte de près ou de loin à du traçage, dit-on pour expliquer l’absence de fichier positif en France. Notre « exception » est en vérité tout sauf culturelle : elle tient uniquement à la configuration du marché du crédit ! Celui-ci, en effet, est particulièrement verrouillé par de grands acteurs qui ont toujours fait obstacle à une évolution règlementaire qui pouvait encourager la concurrence. De fait, ces vingt dernières années, tous les acteurs qui ont essayé de pénétrer le marché du crédit aux particuliers en France l’ont fait en pure perte. C’est dire si les barrières à l’entrée sont élevées !
Le grand perdant de cette situation est bien évidemment le consommateur. Celui qui a des projets à financer, mais dont les demandes de prêt s’apparentent à un parcours du combattant. Celui qui obtient au bout de plusieurs semaines une réponse ne servant pas toujours ses intérêts. En effet, certaines personnes (en particulier les jeunes, les indépendants...) sont exclues du crédit, alors qu’elles sont tout à fait solvables. D’autres y accèdent, à des taux parfois très élevés, alors qu’elles ne sont pas en mesure de le rembourser de manière sereine. En un mot : la situation actuelle empêche la majorité des consommateurs de bénéficier d’offres responsables et bien calibrées en termes de prix.
La DSP2, arme fatale contre le surendettement
Si l’absence de fichier positif est en soi une aberration, nous estimons, paradoxalement, que le combat ne vaut plus la peine d’être mené. Cela ne signifie pas qu’il ne faut plus s’engager contre le surendettement, mais qu’il est temps de changer de braquet. Ainsi, il est inutile de persévérer dans une lutte perdue d’avance, quand l’entrée en vigueur de la DSP2 ouvre un champ des possibles considérable. Alors qu’avant, l’historique de transactions bancaires d’un individu était considéré comme la propriété de la banque teneuse de son compte, le consommateur peut aujourd’hui partager cet historique en toute liberté et automatiquement avec l’établissement auprès duquel il soumet une demande de prêt.
Les acteurs du crédit ont donc toute latitude pour proposer des parcours plus fluides et, surtout, analyser plus finement le risque. L’établissement a accès aux charges réelles du demandeur d’emprunt. Il peut donc reproduire les avantages du fichier positif en plus exhaustif, en vérifiant par exemple que les loyers du demandeur ont été déclarés à leur juste valeur. En allant encore plus loin, il peut même accompagner l’individu dans la gestion de ses dépenses courantes et lui faire des recommandations personnalisées. Ce « coaching financier », qui permet de faire des économies et d’assainir ses comptes, est un outil essentiel d’éducation financière – domaine où le retard français n’est plus à démontrer. Dans cette perspective, la DSP2 constitue l’arme fatale contre le surendettement.
Un rééquilibrage de marché en faveur du consommateur
Mais pour en tirer le plein potentiel, encore faut-il savoir exploiter la donnée et donc s’appuyer sur la technologie : deux piliers sur lesquels les acteurs traditionnels ne brillent pas par leur avance. De fait, cette directive européenne remet en jeu le leadership des acteurs historiques en donnant un espace d’expression aux acteurs data driven. L’absence de fichier positif, auparavant obstacle à la concurrence, est finalement l’opportunité de redéfinir les standards du marché à la faveur des évolutions technologiques et sociétales. Car fort heureusement, la concurrence stimule l’innovation et oblige chacun des acteurs à enfin privilégier les intérêts du consommateur.
C’est ni plus ni moins ce qu’une analyse performante de la donnée rend possible ! Grâce à la DSP2, des populations ordinairement exclues du crédit (jeunes, CDD, entrepreneurs) y ont enfin accès, car les méthodes de scoring actuelles permettent de mieux identifier les profils vulnérables. Et plus l’analyse des risques est fine, plus les prix sont en adéquation avec les profils des souscripteurs… et donc proches de ceux proposés par les banques.
In fine, le marché n’a plus besoin de fichier positif : l’innovation technologique a permis de compenser les obstacles règlementaires. La prochaine étape est de contraindre les banques à retirer tous les freins qui peuvent subsister, pour permettre aux consommateurs de partager de façon parfaitement fluide leur historique de compte bancaire. Une évolution en phase avec leurs attentes, car dans les pays où le parcours DSP2 est proposé, il est choisi par 60 à 90% des emprunteurs.