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Le crowdfunding franchit le cap des 10 milliards d’euros cumulés mais affiche un recul en 2024

Baromètre du crowdfunding en France en 2024 Forvis Mazars – France FinTech


Le crowdfunding franchit le cap des 10 milliards d’euros cumulés mais affiche un recul en 2024
Forvis Mazars et France FinTech publient le baromètre de référence du financement participatif en France pour la sixième année consécutive. Dans un contexte économique toujours complexe, le baromètre met en évidence, pour la deuxième année de suite, un recul du crowdfunding après une période de forte croissance. Si la crise immobilière pèse sur le secteur, la structuration du marché et une reprise en fin d’année laissent entrevoir des perspectives de rebond.

  • Avec 10,8 milliards d’euros collectés depuis 2015, le crowdfunding s’impose comme un véhicule d’investissement de choix pour les Français.

  • Le financement participatif enregistre pour la seconde année consécutive un recul (-17,1 %) avec une collecte s’élevant à 1,7 milliard d’euros pour l’année 2024.

  • Le crowdfunding immobilier poursuit sa tendance baissière : il enregistre un repli important (-25,8 %) et ne représente plus « que » 49,7 % de la collecte globale.

  • Le crowdfunding des énergies renouvelables (EnR) affiche un léger retrait de – 4,3 % en 2024 et enregistre une collecte annuelle de 352 millions d’euros, représentant 20,3 % de la collecte globale.

  • Le crowdfunding en don connait une croissance de + 11,5 % avec une collecte de 178,9 M€

  • Les 163 572 projets financés confirment la popularité du crowdfunding chez les Français.se.

Un cap symbolique franchit mais une deuxième année de recul


Après près d’une décennie de croissance soutenue, marquée par le passage symbolique des 10 milliards d’euros collectés en cumul, le financement participatif connaît une deuxième année de repli. En 2024, 1 731 millions d’euros ont été collectés, soit une baisse de 17,1 % par rapport à l’année 2023. Cette évolution s’inscrit dans un contexte marqué par des turbulences macro-économiques et géopolitiques, ainsi que par une crise immobilière persistante.

Depuis la mise en place d’un cadre réglementaire en France en octobre 2014, le crowdfunding s’est progressivement structuré, s’imposant comme un mode de financement reconnu pour une grande diversité d’acteurs économiques. Malgré un environnement moins favorable, le second semestre 2024 a montré des signes de reprise, laissant entrevoir un possible rebond en 2025. Cette dynamique dépendra toutefois de la confiance des investisseurs et des entreprises, ainsi que des orientations des politiques publiques, dans un contexte où plus de 65 000 entreprises ont fait faillite en 2024 d’après les chiffres publiés par la Banque de France.

Les tendances décelées par le baromètre du crowdfunding s’expliquent principalement par :

  • L’impact prolongé de la crise immobilière, qui continue de peser sur la collecte en obligations.

  • La reconfiguration du secteur du prêt et de l’investissement autour de l’agrément de Prestataire de Services de Financement Participatif (PSFP) en application du règlement (UE) 2020/1503. Trois plateformes avaient déjà obtenu cet agrément en 2022, 42 plateformes l’ont obtenu en 2023 et 14 au cours de l’année 2024.

  • La montée en puissance du don, seul segment en croissance, bénéficiant d’une dynamique indépendante du marché de l’épargne et qui s’impose comme un levier majeur pour les particuliers et l’économie sociale et solidaire.

  • L’absence de décollage de l’investissement en capital, freiné par l’instabilité institutionnelle et les incertitudes autour des dispositifs fiscaux et de soutien à l’innovation, éléments clés de ce segment.

  • La similarité des stratégies de collectes par rapport l’année précédente, avec une approche directe qui reste majoritaire (64 %), tandis que les canaux intermédiés se stabilisent à 36 %, principalement via les CGP (18 %), le réseau bancaire (11 %) et les fonds (7 %).

  • Une imbrication croissante avec les professionnels de l’épargne, bien que la zone de turbulence traversée par le secteur ait limité l’approfondissement des coopérations en 2024.

  • Une influence modérée des créateurs de contenu sur la collecte, selon l’évaluation des plateformes, qui leur attribuent en moyenne une note de 2 sur 5. Si leur impact sur les volumes reste limité, leur rôle pédagogique est souligné par la plupart des plateformes interrogées.

L’immobilier, une locomotive au ralenti pour la deuxième année consécutive


Après une année 2023 déjà difficile, le crowdfunding immobilier connaît un net repli, avec une baisse de 25,8 % en 2024, dépassant le recul global du secteur (-17,1 %). Ainsi, ce segment ne représente désormais plus que 49,7 % de la collecte totale, contre 55,6 % en 2023 et 68,2 % en 2022, confirmant son déclin relatif au sein du financement participatif.

  • Le marché reste très majoritairement orienté vers le résidentiel, bien que sa part recule (49 % en 2024 contre 77 % en 2023). On constate l’apparition d’opérations « mixte » du type « résidentiel/commerce/bureau ».

  • Les opérations de marchands de biens restent prépondérantes (56 %) et la promotion immobilière pure connait une légère augmentation (32 % en 2024 contre 29 % en 2023).

  • Parmi les projets financés, 23,4 % concernent des projets d’amélioration de la performance énergétique.

  • En dynamique : rénovation des actifs de centre-ville, transformation et opérations de recyclage urbain.

  • 642 projets ont été remboursés en 2024 pour un montant de 571 millions d’euros.

  • Le taux de rendement interne (TRI) s’élève à 10,6 % (contre 10,3 % en 2023).

Dans un contexte de contraction du marché immobilier, le financement participatif n’échappe pas aux réalités économiques des sous-jacents qu’il finance. La progression notable des retards constatée en 2023 s’est poursuivie en 2024. Les difficultés de remboursements, déjà en hausse en 2023, se sont accentuées en 2024, avec 15 à 20 % des projets accusant un retard de plus de six mois. Certains de ces projets ont même basculé en procédure collective, représentant désormais 6 à 8 % des opérations en cours. Enfin, les pertes définitives sont estimées entre 4 et 6 % des projets.

Poursuite de l’attrait pour les énergies renouvelables malgré un léger retrait


Le crowdfunding des énergies renouvelables (EnR) affiche un léger retrait de - 4 % en 2024 et enregistre une collecte annuelle de 352 millions d’euros. C’est une belle performance pour un secteur connaissant une variation négative de - 17,1 %. Le nombre de projets évolue quant à lui de – 11,7 %. Le crowdfunding dédié aux énergies renouvelables représente désormais 20,3 % de la collecte globale (contre 17,6 % l’an dernier), ce qui renforce son positionnement de deuxième classe d’actifs du crowdfunding. Enfin, 94 % de la collecte EnR 2024 a été réalisée en dette.

  • Les opérations de collecte portent en premier lieu sur des projets lié à l’énergie solaire (67 %) qui devance largement l’éolien (12 %), le biogaz (9 %) et le stockage (4 %).

  • 218 projets ont été remboursés en 2024 pour un montant de 76,1 millions d’euros.

  • Le montant moyen d’une collecte par projet est de 1 135 483 euros avec une durée moyenne de placement de 45,2 mois.

Le financement participatif en don


La collecte en don est en forte progression par rapport à 2023. Avec 161 861 projets financés pour plus de 3,7 millions de financeurs, dans l’immense majorité des particuliers, le crowdfunding confirme son rôle d'outil au service de la culture et de projets à dimension solidaire.

  • Le secteur culturel – qui comprend entre autres les arts plastiques et le spectacle vivant – est l’un des grands bénéficiaires de ce mode de financement, avec 80,2 millions d’euros collectés.

  • Les projets de solidarité ont aussi connu un grand succès cette année. Ils cumulent 82,4 millions de fonds collectés, devant le secteur économique, qui enregistre une collecte de 16,3 millions d’euros.

  • Au fil des années, le crowdfunding en don devient un automatisme pour les associations qui cherchent à diversifier leurs ressources de financement et pour les entrepreneurs qui souhaitent tester l’appétence d’un public avant de se lancer.

Le financement participatif en prêt


Les chiffres du financement participatif en prêt ont connu une baisse de -18,8 % cette année. En cause, le repli de l’immobilier et la légère baisse de l’EnR, qui ne vient pas cette fois-ci compenser les difficultés auxquelles fait face la locomotive du financement participatif. Pour faire face aux exigences des investisseurs et des plateformes, la sélection des projets est de plus en plus drastique avec, sur l’obligataire, 4 points de base de moins que l’an passé. Les plateformes, échaudées par les déconvenues de certains porteurs de projet, se montrent plus attentives à la qualité des projets. Désormais, à peine plus d’un projet sur 10 adressés aux plateformes est présenté sur le web.

  • Les obligations représentent cette année encore l’essentiel du crowdfunding en prêt (à hauteur de 78,2 %).

  • Le secteur économique représente la majeure partie du financement en prêt, avec 1 342,2 millions d’euros collectés.

  • Les taux de succès n’avoisinent plus tout à fait les 100 %. Une fois mis en ligne, certains projets ne bouclent pas leur collecte (1 sur 10 environ).

Le financement participatif en investissement


Avec 202,5 millions d’euros collectés en capital ou en royalties, contre 267,2 millions en 2023, l’année 2024 n’a pas été l’année attendue pour le crowdfunding en investissement malgré le dynamisme des multiples écosystèmes d’innovation auxquels il est lié.

  • L’immobilier représente une part importante de ces investissements, avec 23 % des volumes collectés suivi par le segment de la santé et de la recherche scientifique (19 %) et le segment de la technologie et du numérique (15 %).

  • L’horizon de sortie reste incertain, avec des fonds immobilisés sur une longue durée. Parmi les projets en innovation, 35 à 45 M€ (60 à 80 projets) sont liés au dispositif Jeune Entreprise Innovante (JEI/JEIC/JEIR).

Florence de Maupeou, Directrice générale adjointe relations institutionnelles et financement participatif chez France FinTech, déclare : « Le crowdfunding enregistre une nouvelle baisse de la collecte cette année, ce qui n’étonne guère au regard du contexte économique et géopolitique, accentué par un cadre réglementaire nouveau qui a apporté son lot de contraintes et d’exigences. Secteur miroir de l’économie française, il subit de plein fouet la crise immobilière et l’incertitude fiscale (lorsque les dispositifs de soutien à l’innovation vacillent, l’investisseur devient plus frileux). Toutefois, une consolidation est en cours qui apporte une structuration bienvenue et signe d’une maturité grandissante. Avec l’agrément européen, des plateformes étrangères s’implantent en France, et à l’inverse, les acteurs français doivent saisir l’opportunité d’une expansion européenne pour accélérer leur croissance. »

Bertrand Desportes, Associé chez Forvis Mazars, déclare : « Sans surprise, 2024 est une année moins flamboyante pour le crowdfunding, qui continue de subir la crise du secteur immobilier. La barre symbolique des 10 milliards d’euros de collecte a été franchie cette année, affirmant le rôle clé que joue le financement participatif dans le paysage financier. Par ailleurs, la structuration progressive du secteur avec l’agrément PSFP et le mécanisme de passeportage, encore embryonnaire, ouvrent des perspectives de croissance significatives pour le secteur en France et en Europe. Concernant 2025, des thématiques émergentes comme l’art, la santé et le sport s’imposent comme les grandes tendances à suivre. »

Les projets « coups de cœur » 2024


A l’occasion des 10 ans du crowdfunding, Forvis Mazars et France FinTech ont souhaité mettre en avant huit projets « coups de cœur », pour illustrer la diversité que représente le financement participatif.

Mobilisation citoyenne : La ville de Besançon a transformé son projet de Maison des Femmes en un succès populaire, collectant sur Villyz 700 000 € pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Agriculture : Un agriculteur bio dans l'Yonne a évité la faillite grâce à une cagnotte en ligne lancée par son voisin, recueillant plus de 80 000 € auprès de 1 800 contributeurs sur Leetchi.

Fintech : Mon Petit Placement, qui accompagne déjà 25 000 investisseurs et gère plus de 150 millions d’euros, a levé 4,2 millions d’euros sur Sowefund.

Santé : BiPER Therapeutics développe des traitements innovants pour les cancers difficiles à soigner et vient de lever 492 000 € en obligations convertibles sur WiSEED.

Recyclage : Uzaje, acteur clé du réemploi d’emballages, a levé 670 000 € sur MyOptions pour soutenir le besoin en fonds de roulement de l'entreprise.

Industrie : Guichon Valves, monument industriel savoyard depuis 1921, a été racheté par SCCM Alp grâce à une levée de fonds sur PretUp, sauvegardant ainsi 40 emplois.

Loisir et culture : « Le Seigneur des fourneaux », un livre de recettes inspiré des sagas de Fantasy, a récolté 561 255 € auprès de 8 272 contributeurs sur Ulule, soit 1 403 % de l’objectif initial.

Immobilier : Anaxago a financé une opération de transformation de bureaux, rue Marbeuf à Paris, en hôtel 4 étoiles sous l’enseigne NUMA.



Méthodologie
Ce baromètre se fonde sur les données déclaratives communiquées entre le 3 et le 31 janvier 2025 par les 60 plateformes qui représentent l’essentiel de l’écosystème du financement participatif en termes de volumes traités. Données complétées par les informations publiques ou estimées de plateformes n’ayant pas répondues à l’enquête.

Profil des répondants
97 réponses pour l’ensemble des modèles transactionnels du financement participatif, dont 17 en don (8 en don sans récompense et 9 en don avec récompense), 57 en prêt (2 en prêt non rémunéré, 16 en prêt rémunéré, 39 en obligation) et 23 en investissement (22 en capital et 1 en royalties).

Pour télécharger le baromètre, cliquez ici

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A propos de Forvis Mazars
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À propos de France FinTech
Créée en 2015 à l’initiative des entrepreneurs, France FinTech fédère les sociétés utilisant des modèles opérationnels, technologiques ou économiques, innovants et disruptifs, visant à traiter des problématiques existantes ou émergentes de l’industrie des services financiers et représentant les principales composantes de la filière. L’association s’est donnée pour mission de promouvoir l’excellence du secteur en France et à l’étranger et de représenter les fintech françaises auprès des pouvoirs publics, du régulateur et de l’écosystème. Le collège Financement Participatif est issu de la fusion en juin 2024, de Financement Participatif France, association professionnelle de l’écosystème du crowdfunding, au sein de France FinTech, qui fédère 350 membres et 100 partenaires. Le collège Financement Participatif a pour mission de promouvoir le crowdfunding et ses acteurs, de représenter leurs intérêts, de renforcer la déontologie et la mise en place de bonnes pratiques, et d’accompagner l’écosystème dans les mutations qui les impactent, qu’il s’agisse d’évolutions réglementaires, organisationnelles, technologiques ou sociologiques.


Mercredi 12 Février 2025



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