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Systèmes vieillissants, coûts cachés : quelles sont les limites de la politique de la rustine pour les assureurs ?

Par Patrick Soulignac, Manager Conseil Solutions, Guidewire


Systèmes vieillissants, coûts cachés : quelles sont les limites de la politique de la rustine pour les assureurs ?
Qu’il s’agisse de répondre aux évolutions réglementaires, d’ajuster les offres ou de proposer de nouveaux services numériques et partenariats de distribution, les métiers de l’assurance IARD évoluent constamment et rapidement. Parallèlement, les opportunités d’innovation abondent. Les outils de détection de fraude, les modèles prédictifs, les technologies d’estimation des dommages ou encore l’IA générative peuvent significativement participer à optimiser l’efficacité organisationnelle des assureurs.

Ces multiples transformations exigent de la part des directions des systèmes d’information (DSI) une vision claire et prospective des technologies et des compétences nécessaires. Par ailleurs, l’agilité opérationnelle et la capacité à mener des projets complexes dans des environnements en constante mutation s’avèrent être des éléments essentiels.

Une logique de bricolage accumulatif

Les systèmes d’information des assureurs reposent souvent sur des solutions héritées, telles que des applications développées dans des langages anciens comme COBOL, ou des progiciels très personnalisés et adoptés il y a plusieurs décennies. Malgré leur robustesse, ces systèmes sont relativement rigides, rendant difficile leur évolution au rythme imposé par les besoins métiers. Ce manque de flexibilité, accentué par une dette technique croissante et des composants logiciels vieillissants, entraîne souvent des retards dans les projets de transformation.

Ainsi, les DSI adoptent souvent une approche basée sur des solutions temporaires, appelées « rustines », pour minimiser les coûts et les risques associés aux évolutions. Des projets d’expérimentation, comme des POCs, Labs ou sandbox, sont fréquemment déployés pour tester les capacités technologiques avant de commencer tout projet d’intégration informatique. Toutefois, même lorsque ces tests sont prometteurs, leur intégration complète reste rare en raison des coûts élevés.

Ainsi, l’intégration de nouveaux services via l’APIsation du système central s’étend généralement sur des domaines fonctionnels réduits. De plus, l’amélioration de l’expérience utilisateur repose souvent sur ces interfaces modernisées, bien que les processus sous-jacents restent inchangés.

Un SI éclaté et une expérience utilisateur fragmentée

Le résultat de cette accumulation de tests aboutit à un système disparate, obligeant les utilisateurs à jongler entre diverses applications. Des doublons dans les saisies de données, comme celles issues de délégataires, ou encore des partages manuels via des fichiers Excel, constituent des dérives fréquentes. Par ailleurs, de nombreux projets pilotes ne voient jamais le jour, leur déploiement étant jugé trop coûteux au regard des bénéfices attendus.

Même les projets modestes, tels que la mise en conformité avec le RGPD ou le lancement de nouveaux produits, nécessitent un investissement considérable en temps et en ressources. Ces contraintes engendrent souvent une frustration croissante face aux délais de mise en œuvre. En conséquence, les services métiers doivent réconcilier des données fragmentées provenant de sources hétérogènes. Cette situation complexifie leur pilotage et limite leur capacité à obtenir une vue consolidée des assurés ou des portefeuilles.

Une surcharge pour les DSI

Chaque nouvelle rustine ajoute une couche de complexité au système, augmentant les coûts opérationnels qui lui sont liés. La multiplication des dépendances technologiques, qu’elles soient logicielles ou infrastructurelles, accentue cette dynamique. Le pilotage du SI devient alors une opération délicate, où chaque modification peut générer des effets de bord nécessitant des tests approfondis de non-régression, souvent coûteux.

Les efforts nécessaires pour intégrer des outils innovants dans le poste de travail ou avec différents modules, qu’il s’agisse d’EDI, d’ESB ou d’APIs, reproduisent sans cesse les mêmes défis. Chaque amélioration ponctuelle se transforme en un projet chronophage et onéreux. Et ce, malgré le fait que ces intégrations visent à réconcilier des technologies modernes avec des systèmes transactionnels dépassés, rarement conçus sur une architecture en micro-services. Ainsi, face à ces obstacles, les assureurs finissent souvent par préférer payer un prix élevé pour maintenir des systèmes obsolètes plutôt que d’investir dans de nouvelles infrastructures.

Face aux coûts, jusqu’alors invisibles, de cette approche fragmentaire, les assureurs entreprennent parfois des tentatives de modernisation via des initiatives transversales, telles que les data lakes, les outils de Business Intelligence, de CRM ou de middlewares. Pourtant, elles aboutissent rarement à des résultats probants. En réalité, ces approches transversales, plus ambitieuses, se concentrent principalement sur des couches « périphériques » du système applicatif et laissent intactes les problématiques fondamentales, limitant ainsi l’agilité des équipes métiers. C’est alors toute la stratégie d’entreprise qui risque d’être subordonnée aux contraintes des outils en place.

Soutenir la transformation en investissant

Il est crucial d’identifier les coûts cachés générés par cette approche fragmentaire, pour éviter que de petits ruisseaux ne donnent effectivement de grandes rivières. Néanmoins, cette prise de conscience doit inciter à l’action plutôt qu’à l’inaction car le retour sur investissement d’une transformation en profondeur est réel.

Pour ce faire, les assureurs doivent s’appuyer sur les enjeux stratégiques des métiers, plutôt que sur la réparation des éléments les plus obsolètes. En redéfinissant l’architecture applicative autour des besoins futurs, les DSI peuvent réassumer pleinement leur rôle de conseil et positionner les nouvelles technologies comme des catalyseurs de performance.

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Mardi 4 Février 2025



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