Paris la Défense, le 11 mars 2021 - Dans un contexte de crise sanitaire et économique, les banques ont démontré une forte résilience. La solidité des institutions bancaires et les mesures d’urgence du régulateur leur ont permis de faire face à la crise, puis de jouer un rôle majeur dans le soutien à l’économie. Les banques ont également réussi à digitaliser en un laps de temps très court une grande partie de leur processus et leur mode de travail pour continuer à servir leurs clients à distance. L’étude Banking Trends a pour vocation de présenter les tendances du secteur bancaire pour l’année 2021.
Le PNB des grandes banques de détail françaises s’érode depuis 2015 (-3% entre 2015 et 2019) malgré le fort développement du crédit (+27% des encours).
Les causes de cette érosion sont multiples : baisse des taux d’intérêts, renégociation massive des crédits à l’habitat, augmentation de la part de marché des courtiers, diminution des commissions sous la pression du régulateur et de la concurrence (par exemple le « tout-gratuit » des banques digitales).
A horizon 2023, Deloitte anticipe une poursuite de la baisse générale du Produit Net Bancaire (PNB) sur les crédits (habitat, consommation, entreprise) et une augmentation du coût du risque liée à la crise économique. Les banques devraient en revanche parvenir à augmenter le niveau de leurs commissions, grâce à la croissance de leurs activités d’assurance et de la réorientation de l’épargne vers les unités de compte. Elles devraient par ailleurs baisser leurs charges d’exploitation en transformant leurs modèles de distribution et en rationalisant leurs réseaux d’agences.
La plupart des grands projets d’évolution de la réglementation, comme la transition IBOR ou l’intégration du risque climatique dans les cadres de gouvernance et de gestion des risques, se poursuivent à un rythme soutenu malgré le choc subi par les institutions et les marchés financiers.
En termes de priorités, l'accent est mis sur les résiliences financière et opérationnelle à moyen terme et des établissements plutôt que sur les réponses immédiates à la crise, y compris en matière de rétablissement et de résolution. Dans ce domaine, le régulateur portera une attention particulière à la procyclicité d’IFRS 9, la liquidité des fonds ou bien encore la surveillance accrue des nouveaux risques opérationnels découlant de l’évolution massive vers des modèles de travail à distance. La conformité ainsi que la lutte contre le blanchiment de capitaux et contre la fraude constitueront également des points de vigilance accrue.
La pandémie ayant accéléré la digitalisation des processus, le régulateur aura également pour volonté d’encadrer les risques en découlant, par exemple sur la gouvernance et les contrôles autour de l’utilisation de l’intelligence artificielle ou les pratiques en matière d’open banking.
Enfin, la crise économique a exacerbé les vulnérabilités connues des clients existants, tout en créant de nouvelles formes de difficultés. Dans ce contexte, les régulateurs auront pour volonté de renforcer la protection des clients et de façon plus générale de s’assurer que la gouvernance et la culture des établissements sont orientées vers la défense de valeurs comme la protection de l’environnement, la diversité, l’équité et l’inclusion sociale.
"Les tendances de fonds du secteur, apparues bien avant cette crise, devraient se poursuivre pendant plusieurs années. La crise que nous vivons va en revanche accélérer les transformations engagées par les banques avec un prisme plus important porté sur le développement durable et le développement de nouveaux produits et services, notamment des solutions de paiement ou d’assurance", déclare Frédéric Bujoc, Associé Risk Advisory, responsable secteur Banque chez Deloitte.
La Bancassurance est une source de PNB additionnel décisive dans un marché bancaire en fléchissement au cours des dernières années.
L’accélération de la commercialisation des produits d’assurance pourrait générer en 2023 un PNB supplémentaire compris entre 2 et 3 Mds€ pour les banques françaises soit une hausse de 25% à 35% par rapport à 2019.
Plusieurs leviers clés peuvent être actionnés pour accélérer le développement des bancassureurs sur le marché de l’assurance, parmi lesquels la construction d’une offre plus en adéquation avec les attentes clients sur les garanties, le niveau de couverture et la tarification ; la mise en place d’expériences client réellement omnicanales et adaptées aux préférences de contact des clients ; la mise en œuvre de démarches commerciales jouant mieux sur la complémentarité avec les produits bancaires en apportant des solutions globales couvrant l’ensemble des besoins des clients.
Avec la multiplication des acteurs, notamment les banques digitales et les bigtechs, la rentabilité des paiements s'érode progressivement compte tenu de tactiques concurrentielles et de la pression sur la structure de coûts incitant à améliorer l’efficacité opérationnelle. Le marché des paiements sera plus compétitif que jamais, avec peu de gagnants et beaucoup de perdants.
A l’instar des autres activités bancaires, la pandémie a accéléré la digitalisation des paiements. Cette tendance nécessite des investissements considérables pour mettre en place et maintenir des systèmes modernisés et faire face à la fraude cyber qui a fortement augmenté.
Avec l’obtention consentie des données des clients par les fournisseurs tiers (banques et non-banques), la compétition portera sur le contrôle de l'initiation des paiements et des données. Big Tech et Fintech continueront à se concentrer sur la désintermédiation de l'interaction avec les clients. Les leaders du marché qui peuvent contrôler l'initiation des paiements et les données afférentes auront un avantage significatif, notamment dans leur capacité à cibler les clients avec le plus de valeur. L’expérience européenne montre la capacité des banques à être compétitives et à gagner la bataille de l’initiation grâce à des collaborations accrues dans l’industrie.
Des réglementations permissives et restrictives pourraient coexister pour innover et protéger le client avec une volonté néanmoins affichée des régulateurs de moderniser ces réglementations. Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que les géants des plateformes numériques continuent de revoir leur approche pour participer au domaine réglementé des paiements dans une logique d’intégration verticale avec un potentiel de disruption important.
Enfin les monnaies digitales des banques centrales (CBDC) ont le potentiel pour perturber fondamentalement cette dynamique réglementaire et concurrentielle si des entités non réglementées sont en mesure de les détenir.
Le risque climatique est identifié comme un facteur majeur de déstabilisation des activités économiques, y compris le secteur bancaire. Les régulateurs ont lancé de nombreuses initiatives pour qu’il soit intégré dans les dispositifs de gestion des risques des établissements.
L’évaluation et la gestion du risque climatique posent de nombreux défis aux acteurs bancaires : définir la méthodologie de stress tests ; établir une gouvernance coordonnée entre les directions des Risques, RSE et les métiers ; intégrer des critères ESG dans les politiques et processus d’octroi de crédit ; ou encore construire une pratique d’analyse transparente, claire et partagée entre les banques.
Au-delà du risque climatique, le développement durable est un vecteur de croissance de nouveaux produits et services, avec l’émergence de produits de dettes « durables », qu’il s’agisse d’obligations ou de crédits. Le développement durable est un marché en forte croissance : on a comptabilisé près de 250 milliards USD d’émissions totales d’obligations vertes en 2019, ce qui constitue un record mondial.
"Le régulateur devrait donc logiquement adapter son cadre à ses nouvelles pratiques avec des priorités qui s’articuleront autour de la mesure et la gestion du risque climatique, le renforcement des dispositifs de stress tests, le pilotage du risque de crédit dans un contexte d’augmentation du coût du risque et des aspects de conformité liés aux nouveaux usages (KYC, utilisation des données clients)", ajoute Frédéric Bujoc.
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A propos de Deloitte
Deloitte fait référence à un ou plusieurs cabinets membres de Deloitte Touche Tohmatsu Limited (DTTL), société de droit anglais (« private company limited by guarantee »), et à son réseau de cabinets membres constitués en entités indépendantes et juridiquement distinctes. DTTL (ou “Deloitte Global”) ne fournit pas de services à des clients. Pour en savoir plus sur notre réseau global de firmes membres : www.deloitte.com/about. En France, Deloitte SAS est le cabinet membre de Deloitte Touche Tohmatsu Limited, et les services professionnels sont rendus par ses filiales et ses affiliés.
Lire aussi : Deloitte dévoile les tendances high-tech pour 2021
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Prévisions du marché de la banque de détail en France
Le PNB des grandes banques de détail françaises s’érode depuis 2015 (-3% entre 2015 et 2019) malgré le fort développement du crédit (+27% des encours).
Les causes de cette érosion sont multiples : baisse des taux d’intérêts, renégociation massive des crédits à l’habitat, augmentation de la part de marché des courtiers, diminution des commissions sous la pression du régulateur et de la concurrence (par exemple le « tout-gratuit » des banques digitales).
A horizon 2023, Deloitte anticipe une poursuite de la baisse générale du Produit Net Bancaire (PNB) sur les crédits (habitat, consommation, entreprise) et une augmentation du coût du risque liée à la crise économique. Les banques devraient en revanche parvenir à augmenter le niveau de leurs commissions, grâce à la croissance de leurs activités d’assurance et de la réorientation de l’épargne vers les unités de compte. Elles devraient par ailleurs baisser leurs charges d’exploitation en transformant leurs modèles de distribution et en rationalisant leurs réseaux d’agences.
Une poursuite des grands projets réglementaires dans un contexte incertain
La plupart des grands projets d’évolution de la réglementation, comme la transition IBOR ou l’intégration du risque climatique dans les cadres de gouvernance et de gestion des risques, se poursuivent à un rythme soutenu malgré le choc subi par les institutions et les marchés financiers.
En termes de priorités, l'accent est mis sur les résiliences financière et opérationnelle à moyen terme et des établissements plutôt que sur les réponses immédiates à la crise, y compris en matière de rétablissement et de résolution. Dans ce domaine, le régulateur portera une attention particulière à la procyclicité d’IFRS 9, la liquidité des fonds ou bien encore la surveillance accrue des nouveaux risques opérationnels découlant de l’évolution massive vers des modèles de travail à distance. La conformité ainsi que la lutte contre le blanchiment de capitaux et contre la fraude constitueront également des points de vigilance accrue.
La pandémie ayant accéléré la digitalisation des processus, le régulateur aura également pour volonté d’encadrer les risques en découlant, par exemple sur la gouvernance et les contrôles autour de l’utilisation de l’intelligence artificielle ou les pratiques en matière d’open banking.
Enfin, la crise économique a exacerbé les vulnérabilités connues des clients existants, tout en créant de nouvelles formes de difficultés. Dans ce contexte, les régulateurs auront pour volonté de renforcer la protection des clients et de façon plus générale de s’assurer que la gouvernance et la culture des établissements sont orientées vers la défense de valeurs comme la protection de l’environnement, la diversité, l’équité et l’inclusion sociale.
"Les tendances de fonds du secteur, apparues bien avant cette crise, devraient se poursuivre pendant plusieurs années. La crise que nous vivons va en revanche accélérer les transformations engagées par les banques avec un prisme plus important porté sur le développement durable et le développement de nouveaux produits et services, notamment des solutions de paiement ou d’assurance", déclare Frédéric Bujoc, Associé Risk Advisory, responsable secteur Banque chez Deloitte.
La distribution d’assurance par les Bancassureurs
La Bancassurance est une source de PNB additionnel décisive dans un marché bancaire en fléchissement au cours des dernières années.
L’accélération de la commercialisation des produits d’assurance pourrait générer en 2023 un PNB supplémentaire compris entre 2 et 3 Mds€ pour les banques françaises soit une hausse de 25% à 35% par rapport à 2019.
Plusieurs leviers clés peuvent être actionnés pour accélérer le développement des bancassureurs sur le marché de l’assurance, parmi lesquels la construction d’une offre plus en adéquation avec les attentes clients sur les garanties, le niveau de couverture et la tarification ; la mise en place d’expériences client réellement omnicanales et adaptées aux préférences de contact des clients ; la mise en œuvre de démarches commerciales jouant mieux sur la complémentarité avec les produits bancaires en apportant des solutions globales couvrant l’ensemble des besoins des clients.
Un marché des paiements plus concurrentiel, digital, riche en données et disruptif
Avec la multiplication des acteurs, notamment les banques digitales et les bigtechs, la rentabilité des paiements s'érode progressivement compte tenu de tactiques concurrentielles et de la pression sur la structure de coûts incitant à améliorer l’efficacité opérationnelle. Le marché des paiements sera plus compétitif que jamais, avec peu de gagnants et beaucoup de perdants.
A l’instar des autres activités bancaires, la pandémie a accéléré la digitalisation des paiements. Cette tendance nécessite des investissements considérables pour mettre en place et maintenir des systèmes modernisés et faire face à la fraude cyber qui a fortement augmenté.
Avec l’obtention consentie des données des clients par les fournisseurs tiers (banques et non-banques), la compétition portera sur le contrôle de l'initiation des paiements et des données. Big Tech et Fintech continueront à se concentrer sur la désintermédiation de l'interaction avec les clients. Les leaders du marché qui peuvent contrôler l'initiation des paiements et les données afférentes auront un avantage significatif, notamment dans leur capacité à cibler les clients avec le plus de valeur. L’expérience européenne montre la capacité des banques à être compétitives et à gagner la bataille de l’initiation grâce à des collaborations accrues dans l’industrie.
Des réglementations permissives et restrictives pourraient coexister pour innover et protéger le client avec une volonté néanmoins affichée des régulateurs de moderniser ces réglementations. Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que les géants des plateformes numériques continuent de revoir leur approche pour participer au domaine réglementé des paiements dans une logique d’intégration verticale avec un potentiel de disruption important.
Enfin les monnaies digitales des banques centrales (CBDC) ont le potentiel pour perturber fondamentalement cette dynamique réglementaire et concurrentielle si des entités non réglementées sont en mesure de les détenir.
Répondre à l’enjeu du risque climatique
Le risque climatique est identifié comme un facteur majeur de déstabilisation des activités économiques, y compris le secteur bancaire. Les régulateurs ont lancé de nombreuses initiatives pour qu’il soit intégré dans les dispositifs de gestion des risques des établissements.
L’évaluation et la gestion du risque climatique posent de nombreux défis aux acteurs bancaires : définir la méthodologie de stress tests ; établir une gouvernance coordonnée entre les directions des Risques, RSE et les métiers ; intégrer des critères ESG dans les politiques et processus d’octroi de crédit ; ou encore construire une pratique d’analyse transparente, claire et partagée entre les banques.
Au-delà du risque climatique, le développement durable est un vecteur de croissance de nouveaux produits et services, avec l’émergence de produits de dettes « durables », qu’il s’agisse d’obligations ou de crédits. Le développement durable est un marché en forte croissance : on a comptabilisé près de 250 milliards USD d’émissions totales d’obligations vertes en 2019, ce qui constitue un record mondial.
"Le régulateur devrait donc logiquement adapter son cadre à ses nouvelles pratiques avec des priorités qui s’articuleront autour de la mesure et la gestion du risque climatique, le renforcement des dispositifs de stress tests, le pilotage du risque de crédit dans un contexte d’augmentation du coût du risque et des aspects de conformité liés aux nouveaux usages (KYC, utilisation des données clients)", ajoute Frédéric Bujoc.
Téléchargez l'étude
A propos de Deloitte
Deloitte fait référence à un ou plusieurs cabinets membres de Deloitte Touche Tohmatsu Limited (DTTL), société de droit anglais (« private company limited by guarantee »), et à son réseau de cabinets membres constitués en entités indépendantes et juridiquement distinctes. DTTL (ou “Deloitte Global”) ne fournit pas de services à des clients. Pour en savoir plus sur notre réseau global de firmes membres : www.deloitte.com/about. En France, Deloitte SAS est le cabinet membre de Deloitte Touche Tohmatsu Limited, et les services professionnels sont rendus par ses filiales et ses affiliés.
Lire aussi : Deloitte dévoile les tendances high-tech pour 2021
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